Retour d’expérience. Le premier MOOC de FLE : “Travailler en français”

 

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Entretien avec des pionniers de la toile.
Alix Creuzé est professeur conceptrice et coordinatrice des dispositifs à distance et de l’innovation pédagogique à l’Institut français d’Espagne ; Jérôme Rambert est Professeur de FLE, coordinateur pédagogique et formateur de formateurs en Tice à l’Institut français de Milan.
Ils font partie de l’équipe qui a lancé le premier MOOC FLE et qui compte des professeurs des Instituts français d’Espagne, d’Italie, du Royaume-Uni, d’Allemagne, et de l’Open University.

Qu’est-ce qu’un MOOC ?

Un MOOC est un MASSIVE OPEN ONLINE COURSE. Un cours ouvert à tous et massif c’est à dire que l’on peut s’y inscrire gratuitement. Il y a cependant quelques limites à l’ouverture : des pré-requis parfois nécessaires comme le niveau de langue pour notre MOOC Travailler en français. Il s’adressait à des apprenants de niveau B1 en priorité. Bien évidemment, la porte était ouverte à tous !

On distingue les cMOOC sont basés une théorie de l’apprentissage toute jeune encore : le connectivisme (Downes, Siemens) et les XMOOC, plus “traditionnels” dans leur approche et davantage transmissifs. Il y a bien d’autres typologies, comme le décrit cet article (Quentin, 2014) qui met en avant trois points essentiels :
– l’ouverture
– la non “captivité” des participants
– le caractère non institutionnel

Pourquoi un MOOC sur le travail ?

Cette thématique répondait aux attentes de nombreux apprenants inscrits dans nos cours : améliorer son niveau de français est certes un plus pour trouver un emploi dans un pays francophone ou dans une entreprise francophone mais le lieu de travail est aussi un espace où l’on expérimente la multiculturalité. Un MOOC sur ce thème visait autre chose que l’acquisition d’une compétence linguistique et nous invitait à nous appuyer sur nos expériences en tant qu’apprenants et facilitateurs, qu’elles soient passées ou présentes.

Par ailleurs, nous avions mis beaucoup de ressources à disposition sur ce sujet et sur l’approche interculturelle sur le site Voyages en français (voyagesenfrancais.fr), ce qui nous permettait de les exploiter autrement et de les faire évoluer. On retrouve d’ailleurs aujourd’hui les différentes archives du MOOC, exploitables en cours : Espace MOOC.
Les synthèses visuelles réalisées par Marion Charreau dont nous recommandons le site Territoires des langues, les pastilles sonores par nos collègues Mathieu Popinot et François Blondel y figurent déjà, et nous allons continuer à réorganiser les contenus créés lors du MOOC pour les mettre à disposition des professeurs et aussi des apprenants.

Quels sont les moyens à mettre en oeuvre quand on se lance dans un projet de MOOC ?

Des moyens techniques permettant d’associer des espaces de collaboration, d’interaction, d’échanges en temps réel et en différé. Nous avons utilisé des outils accessibles en ligne essentiellement et en grande partie gratuits : outils Google, forum Weebly, espace de visio-conférences.
Nous avons dû aussi réfléchir aux moyens humains pour réaliser différentes tâches : pédagogiques, techniques, mais aussi de diffusion. Savoir-faire et faire savoir, nous l’avons constaté, fait partie aujourd’hui du travail des professeurs qui travaillent en équipe et conçoivent des projets collaboratifs.

Quel bilan peut-on faire en quelques chiffres, quelques indicateurs ?

Sur les 1200 inscrits, la majorité venait d’Espagne (5365 visites soit 37,65% des visites) qui s’explique sans doute par deux réalités : la situation actuelle en Espagne pousse beaucoup de jeunes à regarder ailleurs et à penser à l’expatriation.
Par ailleurs, l’Institut Français d’Espagne étant moteur dans le projet, un gros travail de diffusion a été réalisé auprès de ses étudiants en cours présentiels ou à distance.

La plus grande partie des inscrits venait d’Europe (Italie, Royaume-Uni, Allemagne), mais aussi du Maroc, d’Algérie, des Etats-Unis, du Mexique. Nous avons identifié par ailleurs une quarantaine de participants chinois, peu actifs sur le réseau mais qui ont suivi l’ensemble du parcours (on appelle ce type de participant à des MOOC des “lurkers”).

LE MOOC EN QUELQUES CHIFFRES
A partir du lancement jusqu’à la dernière semaine incluse, soit 7 semaines du 15 janvier au 5 mars 2014 (source, Google Analytics)

14249 visites
7222 visiteurs uniques
44394 pages vues
3,12 pages/visite
Durée moyenne de visite : 4 min56
Taux de rebond : 42,16 %

Twitter :
801 tweets, 232 abonnements, 239 abonnés

Facebook :
1033 fans, 145 posts, 173 “J”aime”, 73 commentaires, 76 posts partagés

Forum :
11 forums actifs
392 membres

Quelles sont les satisfactions apportées par ce MOOC pionnier ?

Une satisfaction globale de voir que c’est possible, malgré beaucoup d’obstacles et une certaine prise de risque qui fait sans doute partie intégrante de notre désir d’innover et d’expérimenter. Le sentiment d’avoir contribué, avec tous les participants, à construire une “expérience d’apprentissage” mutuelle, qui doit aller bien entendu beaucoup plus loin, nous en avons conscience.
Nous avons aussi la satisfaction d’avoir permis aux participants (facilitateurs comme apprenants) de développer leurs compétences numériques en français et de découvrir une nouvelle façon d’apprendre avec eux, car cela a été aussi très formateur pour nous. Enfin le sentiment d’avoir été utiles à celles et ceux qui voudraient un jour travailler en français.

Quelles seraient les pistes d’améliorations, d’évolutions ?

Il faut proposer des contenus de qualité, mais aussi des outils performants en veillant notamment à la qualité du son et de l’image. Nos visio-conférences, même si nous avons utilisé Blackboard, un outil très fiable, ont eu quelques ratés.

Oser les échanges synchrones, ouverts, où les participants parlent d’eux, échangent, questionnent : oser ne pas avoir tout balisé pour laisser la place à la créativité et ainsi permettre à une communauté d’apprentissage de naître, même si elle est de courte durée.
Les résultats de nos questionnaires et notre expérience montrent clairement que nous devons aller beaucoup plus loin dans la mise en relation des apprenants, la construction collaborative de savoirs et de savoir-faire. Proposer des tâches qui présentent de réels enjeux pour les participants.

Enfin, trouver la juste mesure entre une thématique qui concerne et engage les participants et une thématique qui les rassure, qui ne les mette pas en danger : notre sujet était parfois trop personnel pour que les participants puissent tout partager ouvertement ; la question éthique de l’identité numérique, de la diffusion de ressources personnelles en ligne, de ce que l’on montre de soi sur les réseaux sociaux, s’est posée et se pose encore.

Le MOOC : Travailler en français

La présentation du MOOC dans le cadre des visio-conférences de Jurgen Wagner

L’espace d’archivage du MOOC sur Voyages en français

Jérôme Rambert sur twitter
Jerome-rambert
Alix Creuzé sur twitter (IF Madrid)
alix-creuzé

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