Entretien avec Stéphanie Tourrel.
Comment s’y prendre ? Auriez-vous cinq activités à proposer ?
Tout d’abord, je pense qu’il faut leur redonner confiance, donc installer un climat convivial : il ne faut pas qu’ils se sentent jugés, il ne faut pas qu’ils se sentent obligés de venir pour montrer que ce sont de bons parents ; il faut avant tout qu’ils viennent pour eux, qu’ils prennent du plaisir et à nous ensuite de leur montrer le sens que ça a d’apprendre la langue de leurs enfants.
Les activités sont diverses :
tout d’abord je travaille beaucoup la phonétique car pour moi c’est essentiel que les personnes identifient bien le son et l’image, c’est vraiment la base pour moi et je commence tous les cours de Fle par un peu de phonétique que ce soit dans la lecture de l’alphabet ou dans l’apprentissage d’un son en particulier : déjà ça permet aux apprenants de se mettre dans le bain des sonorités de la langue et ça les pousse dès le cours à se mettre à parler.
Ensuite, pour faire comprendre quelque chose je fais beaucoup d’activités basées sur le dessin, les images, les mimes. Après si la personne bloque vraiment je vais le traduire dans sa langue mais je le fais très rarement car ils ont peu de temps de cours de français et c’est important de faire une immersion totale je pense.
Enfin, je fais pratiquer des jeux de rôle et des mises en situation.
Quelques exemples : on a pu travailler sur la Poste donc on a étudié le vocabulaire en classe, on a écouté des dialogues sur deux situations possibles (envoyer un recommandé et un colis), puis ils ont rejoué ces situations en classe, ensuite on est allé à la Poste où ils se sont efforcés de parler avec le personnel pour envoyer un recommandé ou un colis, et ils ont également appris le fonctionnement des automates.
Autre situation, certains parents ne savent pas se repérer dans le métro du coup ils sortent peu voire pas du tout pour aller quelque part et par conséquent ils ne sortent pas non plus leurs enfants. On a donc travaillé sur le plan du métro et du RER, à quelle station descendre pour aller à tel ou tel endroit et ensuite on l’a mis en pratique.
Encore une autre activité, j’avais un grand nombre de parents qui ne savaient pas utiliser l’argent, ils avaient du mal à compter, on a travaillé avec des pièces de monnaies et des billets et on a joué à la marchande. Puis mise en situation également à la boulangerie.
Concernant le scolaire je leur montrais les différents matériels dont avaient besoin leurs enfants, je leur expliquais en quoi consistaient les différentes matières, je leur montrais comment aider leurs enfants à apprendre leurs leçons et comment fonctionnait le carnet de liaison ou de correspondance (le petit livret qui permet de faire le lien entre l’école et la famille). Tout ça sous forme de jeux de rôle et d’images : il y a l’image montrant un objet ou une situation et en dessous est écrit le mot correspondant à l’objet ou une petite phrase verbale correspondant à la situation.
Pour conclure : je pense que l’apprentissage passe par plusieurs temps :
1) découverte d’une situation : apprentissage du vocabulaire et du comment être et faire dans cette situation (d’où dialogues) ;
2) mise en pratique en classe (jeux de rôle) ;
3) mise en pratique en contexte réel (sorties) ça leur permet de vraiment prendre confiance en eux, de voir qu’ils sont capables et de les aider à s’autonomiser.