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Cinq activités autour de la chanson en cours de FLE

Cécilia est enseignante et artiste. Elle nous donne des idées pour utiliser la chanson en cours de FLE.

 

Bonjour Cécilia, pourriez-vous vous présenter ?

Avec plaisir ! Je suis enseignante depuis bientôt 15 ans : je me suis formée en LLCE espagnol et en FLE et j’ai commencé par enseigner l’espagnol, mais j’ai retrouvé le FLE en m’installant à Barcelone pour des raisons personnelles.
Parallèlement à ce parcours de prof, je joue de la percussion et je chante dans plusieurs formations, certaines liées à la culture brésilienne et plus largement latino-américaine, d’autres plus « françaises » (actuellement : Fanny Roz, Zalindê, Tambor de Saia, Sol y los Pintasueños, Jabu Morales…).
Aujourd’hui, je suis professeur de FLE à la faculté de Traduction et d’Interprétation de l’Université Autonome de Barcelone, à l’Institut Français, et je donne également des cours de sensibilisation musicale à des enfants francophones.

Vous vous êtes spécialisée dans l’usage de la chanson en FLE. Pourquoi ?

C’est le fruit d’un processus… Pendant bien longtemps, j’ai soigneusement séparé ma vie artistique de ma vie de prof, pensant que l’une pourrait discréditer l’autre. Il faut dire que je travaillais dans l’Éducation Nationale, où les choses sont bien compartimentées, et où il faut faire très attention à la crédibilité que vous avez auprès des élèves si vous voulez limiter les problèmes de discipline… Alors une prof qui faisait de la batucada sur scène dans un groupe de filles (Zalindê), à l’époque, ça me semblait trop subversif !
Devenir professeur indépendante a explosé ce carcan, m’a obligé à booster ma créativité et m’a offert un espace de liberté pédagogique inespéré ! Au fil des années, j’ai compris qu’il fallait que j’emploie mon énergie non plus à rendre mes deux « sphères » hermétiques mais à ce que l’une alimente l’autre…

J’ai aussi eu la chance de croiser dans la première école où j’ai enseigné à Barcelone (Escola Oficial d’Idiomes de Sants) une équipe pédagogique et directive incroyable qui m’a posé mes premiers défis et m’a permis d’organiser mes premières « conférences chantées » (des concerts pédagogiques pour faire connaître la Chanson Française).

Une autre étape fondamentale a été ma rencontre avec la phonétique verbo-tonale grâce à Philippe Mijon : même si je suis très loin aujourd’hui d’en être une spécialiste, je me suis immédiatement identifiée. Mon approche de la musique a toujours été multidisciplinaire et instinctive (je chante, je joue, je danse et ce que je préfère par-dessus tout, c’est faire les trois choses en même temps !). Je suis beaucoup dans le mouvement, dans le plaisir des sonorités, dans le rythme.

Bref, mes activités sont devenues un prolongement de moi-même et quand on travaille comme ça, tout prend sens !

Pourriez-vous nous donner quelques d’activités que l’on peut construire à partir de chansons ?

Ouf, ça va être bien difficile, tout d’abord parce que mes activités sont très diverses : je donne des cours spécialisés. La chanson est un support et presque un prétexte pour découvrir la culture française, notre histoire, nos valeurs, … nos paradoxes !
Je me promène beaucoup dans les écoles pour mes concerts pédagogiques. C’est peut-être la partie de mon travail que je préfère car elle réunit ce que j’aime: chant, histoire, partage , découvertes… et surtout je fais participer ! Depuis 3 ans je propose aussi des ateliers de phonétique en rythme et en chanson. C’est difficile à décrire, il faut venir les faire! Je commence d’ailleurs maintenant à assurer des formations de formateurs.

Voici une idée d’activité simple pour des niveaux « zéro » que j’utilise beaucoup. Elle vient du principe selon lequel la langue française se caractérise par la régularité de son rythme et par le fait que l’accent se retrouve en fin de groupe syllabique (d’où la dénomination d’« accent de groupe » parfois employée) : autrement dit, pour un musicien, tout se fait en « anacrouse ».
Il s’agit d’abord d’installer un rythme collectif (je demande aux participants de se mettre debout et de marcher sur place en rythme). Je les aide à se (re)placer rythmiquement avec des percussions vocales, mais on pourrait tout aussi bien faire l’activité avec un fond sonore adapté. J’insiste sur l’importance de ce mouvement collectif, car c’est lui qui va « porter » l’étudiant qui prend la parole : le groupe soutient le participant.

Explications

On fait un premier tour au cours duquel chaque étudiant va simplement (mais pas si simplement…) prononcer son nom « à la française » : c’est-à-dire avec régularité et en faisant tomber la dernière syllabe de son prénom sur le temps (ex : Cé-ci-lia). À ce niveau-là, je ne rentre pas dans les considérations de prononciation de phonèmes car ce qui m’importe, c’est qu’il saisisse l’importance du rythme. On peut aussi leur demander d’accompagner la dernière syllabe d’un geste. Vous allez vois que rapidement, des patrons rythmiques se répètent (1,2,3,4 syllabes).
Au deuxième tour, ils vont devoir se présenter et passer la parole au suivant (toujours en rythme). Quelques exemples :
Je – m’a – ppelle – Mar – tin.(5) / Et – toi ? (2)
Moi – c’est – Li – sa. (4) / Et – toi ? (2)
J’m’a – ppelle – Au – ré – lie. (5) / Et – toi ? (2)

 

Vous voyez que c’est une activité apparemment très simple mais qui met en jeu des aspects essentiels de la langue. Pour un hispanophone ou un catalanophone, il est essentiel de travailler dès les premiers cours cette sensibilité au rythme propre au français car il répond à une logique différente de celle de l’espagnol ou du catalan, et parce qu’au-delà de la prononciation, il va aider l’apprenant à mieux entendre et donc à mieux comprendre. Par ailleurs, je suis convaincue que passer par le mouvement et le corps aide énormément à mémoriser. Et l’air de rien, on a même travaillé la chute du « e » caduc » en niveau débutant !

Mini Raps

Je travaille aussi beaucoup sur des mini « raps » où je m’amuse à placer des sons à des positions stratégiques (accentués ou non, combinés à un certain autre phonème, opposés à un autre) pour en faciliter la réalisation. C’est aussi un magnifique outil pour faire assimiler la chute du e caduc ou fixer des aspects plus linguistiques (participes passés, etc.).

Parfois, je fais le contraire : je prends un phonème et je travaille le rythme, comme un exercice de musculation déguisé. Par exemple le son « Ø » (des boeufs
des oeufs, il veut, il peut) que je travaille à partir d’un jeu rythmique sénégalais sur une base de sabar.

Pour travailler l’intonation linguistique, vous avez une super chanson qui est « Tu veux ou tu veux pas ? » (interprétée par Zanini et par Brigitte Bardot). La version de Brigitte Bardot se prête particulièrement à ce travail. Vous pouvez demander aux étudiants d’inventer des gestes pour accompagner l’intonation et le rythme (montée dans les aigues, descente dans les graves, accents, …), de la manière la plus théâtrale possible, afin de les y sensibiliser. Attention, précisez bien que les gestes ne servent pas à accompagner le sens des mots ou phrases.

Finalement, pour travailler sur les groupes rythmiques et la syllabation, l’outil idéal est le slam ! Ceux de Grand Corps Malade sont particulièrement adaptés. Vous pouvez demander aux étudiants d’écouter l’enregistrement et de :
– Repérer les “e caduc” non prononcés, les négations non respectées et autres changements entre la langue écrite et orale
– Dans chaque vers, souligner les syllabes “accentuées”
– Compter le nombre de syllabes dans chaque groupe rythmique
– S’entraîner à prononcer le slam en même temps que l’enregistrement en prenant en compte le travail qu’ils viennent de faire
– Finalement, écrire une strophe de slam en respectant des contraintes (thème, nombre de syllabes, etc.). La clamer après avoir travaillé la diction et la prononciation (en particulier les aspects étudiés) On est toujours étonnés par la créativité de nos étudiants !

On est toujours étonnés par la créativité de nos étudiants !

Comment peut-on vous contacter pour en savoir plus ?

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Par mail : ceciliachanson@gmail.com
Sur facebook : www.facebook.com/ceciliachanson
Ou encore à travers ma page : https://sites.google.com/site/ceciliachanson/

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