Le FLE, c'est aussi une affaire de super-héros.
Découverte d’un métier avec Alain Schneider, Secrétaire général du syndicat Sgen-CFDT de l’étranger.
Bonjour Corentin,
Je m’appelle Alain Schneider. Après des études de langues à l’INALCO et 3 ans de droit et science politique à Paris-I, je suis entré à l’occasion de mon service national (ce qui trahit ma génération…) dans l’enseignement du français à l’étranger, mon premier poste ayant été un emploi de lecteur de français à l’université de Varsovie en Pologne.
J’ai ensuite eu un parcours professionnel dans ce domaine, tant en France qu’à l’étranger, essentiellement pour le ministère français des affaires étrangères, même si je suis fonctionnaire de l’éducation nationale.
J’ai complété ma formation initiale en préparant une maîtrise et un DEA de FLE à Paris III à l’occasion d’un retour en France après 8 ans à l’étranger et j’ai occupé par la suite diverses fonctions dans le réseau culturel et à l’administration centrale : attaché de coopération pour le français, attaché de coopération éducative, directeur adjoint d’institut français, chargé de mission à la direction générale de la Mondialisation du MAE.
Depuis bientôt 5 ans, je suis secrétaire général du syndicat Sgen-CFDT de l’étranger.
Il s’agit de défendre les intérêts professionnels, individuels et collectifs des personnels qui travaillent pour les établissements français de l’étranger, tout particulièrement dans les établissements scolaires homologués par le ministère de l’éducation nationale, mais aussi plus marginalement désormais dans les services et établissements culturels et de coopération.
Notre actualité de 2019, c’est de suivre les modalités de mise en oeuvre, pour les personnels, des discours du président de la République début 2018, notamment celui tenu à l’Académie française le 20 mars 2018, qui indiquait que le nombre d’élèves devait être doublé dans les douze ans et que la France devait contribuer au développement de l’enseignement du français et en français dans le monde.
Les syndicats se battent pour que les personnels soient en situation de donner la meilleure formation possible aux élèves en bénéficiant des meilleures conditions de travail et de salaire alors qu’on observe çà et là des dégradations et des difficultés, notamment des obstacles mis au détachement à l’étranger de professeurs français titulaires de l’éducation nationale en raison des manques d’enseignants dans certains territoires, par exemple en Île-de-France.
Je ne parle pas des budgets qui ne suivent pas…
L’enseignement du FLE dans les instituts français ou les alliances françaises, comme dans nombre d’écoles ou centres de langue, ne bénéficie plus en général de financements publics français et les établissements doivent s’autofinancer.
Cela se fait souvent au détriment des garanties offertes par un contrat de travail et il faut alors passer par un statut de travailleur indépendant soumis à des variations saisonnières et aux fluctuations de la demande ou accepter des conditions contractuelles pas toujours mirobolantes..
S’il s’agit des Français qui veulent se lancer dans ce domaine, j’aurais conseillé il y a quelques années de passer un concours (CRPE, CAPES ou agrégation de lettres) pour pouvoir demander ensuite un détachement, que ce soit dans un établissement français ou une école ou une université étrangère. Dans le contexte actuel, ce n’est plus comme ça qu’on peut se lancer. Il faut aller sur le marché international des offres d’emploi et travailler quelques années à l’étranger avant le cas échéant, si l’enseignement scolaire en France vous tente, de préparer un concours de recrutement qui pourra être complété par une certification complémentaire en français langue seconde et une habilitation comme examinateur du DELF.
Que ce soit en France ou à l’étranger, le travail indépendant est souvent une solution qui permet d’éviter de rester en recherche d’emploi : il n’est pas question de condamner les professionnels qui passent par là. Mais il s’agit trop souvent pour le donneur d’ordre de contourner les règles qui devraient imposer à une école qui a un besoin permanent d’enseignants de recruter sur la base de vrais contrats à durée indéterminée, ou à durée déterminée lorsque le travail est saisonnier. Je suis choqué par le fait que l’entité employeure se soustrait ainsi à ses obligations en matière de protection maladie ou retraite, droits à congés payé, droit à la formation sur temps de travail, etc. Mais je sais bien que ce n’est pas toujours facile d’y échapper…
Nous recevons volontiers des appels téléphoniques, des courriels ou des visites chez nous. Notre bureau parisien est situé dans les locaux de la Fédération Sgen-CFDT au 47 avenue Simon Bolivar dans le 19e arrondissement. Notre site web comporte aussi beaucoup d’informations sur l’emploi et les conditions de travail dans les établissements scolaires français de l’étranger.