Marie-Jo Lopes de l’Alliance française de Paris Ile-de-France nous présente le stage d’observation pour les enseignants de FLE : les objectifs, les activités et les qualités d’un bon tuteur.

Bonjour Marie-José, pourriez-vous vous présenter ?

Je suis enseignante et formatrice à l’Alliance française de Paris depuis de nombreuses années. J’interviens le plus souvent sur la méthodologie générale, les documents authentiques, la création de matériel pédagogique, l’utilisation de la vidéo en classe… J’ai une formation en didactique du FLE mais je me suis beaucoup intéressée aux sciences de l’éducation et particulièrement à la possibilité d’autoformation qu’offre le fait de se filmer, en classe.

Je suis aussi co-auteure de différentes méthodes, la dernière Totem et Texto A1, A2, B1, (Hachette, 2014/2015).

Je suis devenue formatrice en « ouvrant » les portes de ma classe, en permettant aux personnes en formation de venir « voir » (et vivre) mon cours. Lorsqu’on m’a proposé de le faire de manière plus structurée, dans le cadre de formations initiales ou professionnelles, j’ai accepté car recevoir des observateurs dans sa classe, permet de rester vigilant par rapport à la qualité et à la « modernité » de son travail.

Quels sont les objectifs d’un stage d’observation ?

Disons d’abord que la finalité de ce travail d’observation est d’être capable, à son tour, de faire un cours cohérent et efficace.
Les objectifs sont différents selon qu’il s’agit d’un stage d’observation ou d’un stage d’observation et pratique. Dans le premier cas, le stagiaire sera capable d’identifier toutes les composantes d’un cours de langue. Dans le deuxième cas, le stagiaire animera lui-même un cours, dans la classe qu’il aura observée. Dans les deux cas, le stagiaire est accompagné d’un formateur/tuteur qui dans le cadre des « tutorats » justifie/explicite ses choix méthodologiques, guide le stagiaire dans sa préparation, évalue les interventions du stagiaire ..…

Quelles sont les activités que l’on retrouve dans un stage d’observation ?

Le formateur/tuteur fait partie de l’équipe de formateurs. Les formateurs de l’Alliance française de Paris Ile-de-France ont tous un cours de langue. Il accueille donc dans sa classe, un stagiaire (parfois deux). Celui-ci prend des notes sur tout ce qu’il voit. Lors du travail de tutorat, ce sont les notes du stagiaire qui serviront de « matière ». Ainsi, ce qui aura été observé sera « nommé », « regroupé », « classé » (les activités, les modalités de travail, les techniques de classe…).
Plus on avance dans ce travail, plus les observations deviennent précises. Elles sont aussi plus « outillées » grâce à des grilles qui auront donc été construites au fur et à mesure des observations. Le stagiaire identifie les objectifs du cours observé, en retrace le déroulé et explique ce qui a permis d’atteindre les objectifs. Le contenu du tutorat dépend du discours du stagiaire. Le tuteur s’adapte à l’acuité de l’observation de son stagiaire.

Dans le deuxième cas, une fois ce travail d’observation de classe accompli, les tutorats deviennent, comme on dit, des tutorats de « préparation » de pratique. Il s’agira pour le stagiaire d’intervenir, d’animer un cours dans la classe qu’il a observée.

Le formateur tuteur propose au stagiaire une date d’intervention, des supports à utiliser, situe la pratique du stagiaire dans la progression. De son côté, le stagiaire peut aussi proposer à son tuteur des supports qui lui paraissent intéressants. Il prépare donc son cours en réinvestissant ce qu’il a observé.
Ce qui est particulièrement formateur c’est que, les différents composants d’un cours, ainsi que les compétences du professeur de langue que le stagiaire aura identifiés, deviennent les critères d’évaluation. La plupart du temps, dans les stages d’observation et de pratique de classe, les stagiaires sont par deux. Ils ont donc un rôle dans la préparation et l’évaluation du co-stagiaire.

Le stagiaire « observateur » transfèrera, dans sa propre pratique, ce qu’il aura observé. Dans sa vie professionnelle, il adaptera à son public et à ses obligations ce qu’il aura vu, expérimenté et acquis.

Quelles sont les qualités d’un bon tuteur ?

Le bon tuteur doit « accueillir », vraiment, le stagiaire. Autrement dit, il doit « offrir » son espace. Il doit dire « ce n’est pas ma classe, c’est notre classe ». Il doit faire confiance à son stagiaire et en attendre le meilleur. Il doit aussi « satisfaire » ses étudiants, qui ne sont pas des « cobayes ». Nous n’accueillons pas les stagiaires dans des classes expérimentales, nous les accueillons dans nos cours. Le tuteur doit donc veiller, à la fois à la réussite de ses stagiaires et aux progrès de ses apprenants.
Je dirais aussi qu’un bon tuteur est celui qui parle peu. Il est plutôt là pour « faire dire ». Il ne s’agit surtout pas de « donner des leçons », de faire un cours magistral. Un bon tuteur doit faire en sorte que le stagiaire nomme ce qu’il voit, repère, qu’il associe, qu’il oppose…. De la même manière que nous faisons découvrir le fonctionnement d’un point de grammaire, nous menons le stagiaire vers le repérage et la définition des « outils » méthodologiques et pédagogiques.

Quelles sont les qualités d’un bon observateur ?

Un bon observateur doit prendre énormément de notes ! Ce sont ses notes qui, du moins en début de formation, constituent le contenu du tutorat.
Discret, le bon observateur se fond dans la classe, questionne sans juger, fait preuve d’autonomie et de professionnalisme. Le bon stagiaire respecte les rituels de la classe qu’il observe ainsi que les contraintes institutionnelles. S’il est en binôme, il doit aussi veiller à la réussite de son co-stagiaire et être bienveillant.

Comment en savoir plus sur les stages d’observation de l’Alliance française de Paris Ile de France ?

En visitant le site www.alliancefr.org . Vous pouvez aussi contacter le service pédagogique à l’adresse suivante serpedago@alliancefr.org ou en téléphonant au 01 42 84 90 48. Et si vous passez par le boulevard Raspail, n’hésitez pas, venez nous voir !