Conférence-rencontre à la Sorbonne (Paris 4) ce jeudi 4 juin 2015 de 14H à 16H.…
“La grammaire a beaucoup d’importance. Même avec un vocabulaire restreint, une personne qui maîtrise la grammaire donne le sentiment de parler la langue avec une certaine aisance et élégance.”
Entretien avec Christine Boviatsou, enseignante FLE et auteure.
Bonjour Corentin, bien sûr, avec plaisir. Cela fait bientôt 15 ans que je suis enseignante de FLE indépendante, traductrice et interprète. Je suis née à Athènes, mais j’ai grandi à Paris où j’ai été scolarisée à l’école primaire. J’ai poursuivi mes études secondaires à Athènes. Puis, je suis repartie en France et j’ai fait des études de traduction professionnelle à Strasbourg (Master II), ainsi que de la recherche en Sciences du Langage, spécialité Didactique du Français Langue Étrangère (FLE) et des Langues à l’université Sorbonne Nouvelle (Master II).
En tant que professeur de FLE indépendante, j’ai des élèves aussi bien en Grèce qu’à l’étranger. Je prépare la plupart d’entre eux aux épreuves du DELF et du DALF à Athènes et à l’étranger. Je collabore aussi avec une grande entreprise grecque : j’y enseigne le FLE et le français des affaires au PDG et à certains cadres. J’assure l’interprétariat lors de l’accueil de visiteurs étrangers et des réunions de travail et je réalise les traductions techniques. Il m’arrive aussi très souvent d’avoir des demandes particulières : préparer des élèves à leur scolarisation dans une école francophone à l’étranger, préparer des adultes à une expatriation professionnelle dans un pays francophone, remettre à niveau un apprenant qui souhaite faire un master 2 en Sciences Politiques, etc. En général, les cours particuliers ont lieu soit au domicile de l’apprenant soit sur Skype. Comme je l’ai dit, certains de mes élèves vivent à l’étranger, principalement dans des pays peu éloignés de la Grèce comme le Royaume Uni, la Belgique et la Suisse où le décalage horaire n’est pas trop important.
Je suis également l’auteure et conceptrice des ouvrages intitulés « Astuces de Grammaire Française ». En 2016, j’ai publié la version grecque qui me tenait à cœur et que j’avais préparée pendant trois ans. L’ouvrage a connu un certain succès et un an après j’ai dû préparer et publier sa version française. Le concept qui sous-tend ce travail innovant, c’est qu’on n’a pas toujours besoin de passer par une règle grammaticale pour bien utiliser la grammaire en FLE et surtout pour pouvoir communiquer naturellement, sans faire de faute de grammaire ni de prononciation. Il y a, en fait, des « astuces malines » qui automatisent l’usage d’un grand nombre de phénomènes grammaticaux chez l’apprenant : il « suffit » de bien observer la grammaire, mais aussi les erreurs commises par les apprenants, pour les découvrir.
Parallèlement à mon parcours professionnel d’enseignante, je suis musicienne, compositrice et chanteuse. Je joue de la guitare électrique, de la basse et du synthétiseur et je compose ma musique chez moi dans mon home studio. Mes chansons ont été diffusées sur des webradios américaines, anglaise et grecque. Idril est mon nom d’artiste. Vous pouvez écouter ma musique en cherchant Idrilmusic su Google.
Je trouve qu’il ne faut jamais dévaloriser l’importance de la grammaire en classe de FLE. Prenez, par exemple, une personne quelconque qui apprend à parler le français – ou n’importe quelle autre langue étrangère – et qui a un vocabulaire riche mais utilise très mal la grammaire. Elle donne l’impression de ne pas bien parler la langue, n’est-ce pas ? Tandis que si elle utilise parfaitement bien la grammaire même avec un vocabulaire restreint, elle donne le sentiment de parler la langue avec une certaine aisance et élégance, voire même de la maîtriser…
Si je me suis surtout intéressée à la grammaire, c’est que j’ai également eu trois défis à relever dans mon enseignement du FLE :
Le premier défi tient au fait que les apprenants avaient souvent une vision négative de la grammaire française, en raison de sa complexité et de toutes ses exceptions.
Le second défi est qu’ils avaient tendance à reproduire les mêmes erreurs, même après l’enseignement des règles grammaticales. Quand arrivait le moment de s’exprimer à l’oral, ils mettaient trop de temps à chercher mentalement la règle afin d’utiliser correctement un phénomène grammatical dans leur discours.
Le troisième défi tient au peu de temps qui m’est parfois accordé, en raison des emplois du temps surchargés des apprenants. Par exemple, 2 heures par semaine pour préparer au Delf B2, un élève ayant déjà obtenu le Delf B1. Et ce, sur une courte période de huit mois et demi, ce qui est presque impensable quand on sait qu’il faut au moins 200 à 250 heures de cours pour pouvoir transmettre la langue et tout le savoir-faire du diplôme, si l’on veut assurer la réussite aux examens.
Donc, faute de temps, j’ai voulurendre la grammaire plus simple d’accès, en proposant des raccourcis et des stratégies d’ « automatisation » de son usage… C’est ainsi que le concept des « astuces de grammaire française » est né… Par la suite, il s’est concrétisé avec la publication des ouvrages«Astuces de Grammaire Française». On y trouve 40 « règles-astuces » bien conçues, 60 tableaux adaptés aux besoins des apprenants pour une meilleure compréhension/acquisition du phénomène grammatical et des raccourcis pratiques accompagnés de nombreuses explications grammaticales simplifiées. Une fois l’astuce saisie et appliquée, l’apprenant n’a plus besoin de réfléchir à la règle grammaticale avant de pouvoir utiliser correctement un verbe à un temps précis ou le pronom relatif qui convient dans telle ou telle situation, pour ne citer que ces exemples. Il gagne ainsi jusqu’à plus de 50% de tempspar rapport aux laborieuses techniques de mémorisation mécanique de certaines règles grammaticales.
Et le résultat est épatant : en appliquant ces astuces, les élèves apprennent à observer les phénomènes grammaticaux qui, peu à peu, se « dédramatisent ». Ainsi, ils minimisent ou éliminent l’apprentissage par cœur d’une multitude de règles, de verbes, de temps, de pronoms, etc., en évitant tout risque d’erreur lors de leur usage. Et ils automatisent de façon originale et novatrice, dès la séance en classe ou le cours particulier, une grande partie de l’apprentissage de la grammaire, avec un gain de temps et d’efforts considérable. Grâce à cela, ils parviennent à communiquer en français de manière beaucoup plus naturelle.
Il faut mentionner aussi qu’il y a un grand nombre d’enseignants de FLE non-natifs pour qui l’enseignement de la grammaire constitue parfois une tâche difficile, voire même pénible… En fait, le moment le moins plaisant de leur cours ! C’est la raison pour laquelle ils sont de plus en plus nombreux à avoir recours aux « Astuces de Grammaire Française » et à les intégrer dans leur enseignement. Ils surmontent ainsi toutes les difficultés de compréhension et d’apprentissage que peuvent soulever certaines règles grammaticales lors de leur enseignement/apprentissage et ils sont en mesure de fournir aux apprenants une explication qui va à l’essentiel, sans être pour autant superficielle.
Alors, je vais vous en proposer quatre, non-exhaustives, mais je vais mettre également un lien pour que le public puisse en lire davantage sur ma page académique.
Astuce n° 1 : Pour commencer, je vous propose deux petites astuces sur le futur simple. La première aide à retenir les terminaisons sur-le-champ. La seconde, dont je donne ici un aperçu (consultable in extenso dans mon ouvrage), aide à observer les ressemblances entre les verbes irréguliers, pour les apprendre quasi automatiquement :
Astuce n° 2 : Je vous propose en fait deux astuces pour le prix d’une! Continuons avec l’imparfait. Selon la grammaire traditionnelle, pour tous les verbes des trois groupes, on forme l’imparfait en prenant le radical de la 1re personne du pluriel du présent de l’indicatif et en y ajoutant les terminaisons de l’imparfait : –ais, –ais, –ait, –ions, –iez et –aient. Cependant, pour l’auxiliaire être, qui est irrégulier, la règle grammaticale impose de prendre le radical de la 2e personne du pluriel du présent de l’indicatif pour le conjuguer correctement, en prenant soin de mettre en même temps un accent aigu (΄) à la place de l’accent circonflexe (^).
Toutefois, la plupart du temps, cette règle constitue une source de difficultés et de confusion pour les apprenants du FLE, puisqu’ils oublient souvent de recourir à la 2e personne du pluriel du présent de l’indicatif pour conjuguer le verbe être à l’imparfait. Et finalement, ils perdent du temps à rechercher mentalement la 1re personne du pluriel du présent afin de conjuguer n’importe quel autre verbe à ce temps. Or, pour la majorité des verbes, il n’est pas du tout indispensable de passer par tout le processus que je viens de décrire. On voit donc que la règle grammaticale est assez compliquée et chronophage, notamment par rapport à l’acquisition et à la connaissance automatiques de ce temps spécifique.
Dans mon ouvrage, je propose donc une règle-astuce issue de mes observations, qui permet d’utiliser automatiquement – et correctement – certaines catégories de verbes, par exemple tous les verbes du 1er groupe, les verbes irréguliers être, avoir et aller à l’imparfait, et cela, sans se préoccuper de la règle grammaticale traditionnelle :
Pour plus d’informations sur l’imparfait, cliquez sur le lien ci-dessous :
Astuce n° 3 : Les enseignants se demandent souvent pourquoi leurs apprenants n’utilisent pas correctement voire pas du tout l’article partitif. La réponse vient de ce que, tout simplement, cet article n’existe pas dans la majorité des langues. Il est présent en italien où l’on remarque qu’il a des formes assez semblables à celles du français. Les articles partitifs sont : du, de la, de l’ (pour les mots masculins et féminins qui commencent par une voyelle ou par un h muet), des et de/d’ .
Ainsi, l’usage correct des partitifs en français est garanti lorsque les apprenants repèrent si, dans leur langue, il y a un article ou pas devant le nom. Les seules exceptions se trouvent en italien, qui possède des articles partitifs fonctionnant comme en français, et, dans certains cas en anglais, où le partitif est parfois traduit et exprimé par some, any, a/an (voir les exemples qui suivent). L’absence d’article dans la langue des apprenants devra alors les amener à utiliser un article partitif, s’accordant nécessairement en genre et en nombre avec le nom :
Pour plus d’informations sur les partitifs, cliquez sur le lien ci-dessous :
Astuce n° 4 : Lors de l’apprentissage des pronoms relatifs, il y a souvent confusion dans la distinction et le bon usage des relatifs qui et que. La grammaire les distingue, en expliquant que qui est le sujet et que le complément d’objet direct (C.O.D.) d’une proposition relative. Malgré cela, la justification n’est pas évidente ou facilement saisie par tous les apprenants, qui continuent à faire des fautes, en se demandant à chaque fois quel pronom relatif utiliser. Certaines règles impliquent même des connaissances profondes des phénomènes grammaticaux, tels qu’ils apparaissent dans les livres de grammaire traditionnelle et dans les manuels de FLE. Elles semblent incompréhensibles à quelqu’un qui souhaite simplement communiquer correctement, sans trop se compliquer la vie avec les règles. On propose alors une astuce qui évite toute confusion entre qui et que, sans avoir forcément recours aux règles grammaticales :
Vous pouvez me joindre par email à l’adresse suivante : fle.editionsboviatsou@gmail.com
Vous me trouverez également sur Academia et Facebook.
https://univ-paris3.academia.edu/ChristineBoviatsou
https://www.facebook.com/Astucesdegrammairefrancaise/
Mes ouvrages sont disponibles dans les librairies suivantes :
Vous trouverez ici l’avant-propos et le sommaire des « Astuces de Grammaire Française » qui vous permettront de voir tous les phénomènes grammaticaux abordés.
La version française (avant-propos + sommaire) :
https://www.academia.edu/35372460/Avant_propos_et_Sommaire_Astuces_version_francaise
La version grecque :
Et le sommaire :