Le FLE, c'est aussi une affaire de super-héros.
Régine Dautry présente les techniques de base de l’art oratoire ainsi que la prise de notes et sa restitution par les étudiants.
Mon parcours est celui d’un formateur-FLE, tout simplement ! Un formateur de formateurs FLE en France et à l’’étranger où j’ai longtemps travaillé et où je travaille encore à titre de missionnaire. Je suis docteur en Sciences de l’éducation et, parallèlement, ce qui me donne la possibilité d’innover dans mon exercice de formateurs, c’est que j’associe toujours ce que l’on m’a enseigné à l’Institut des professeurs de français de la Sorbonne aux bases théoriques et techniques que j’ai acquises au Conservatoire d’art dramatique.
Pour ce qui est de l’art oratoire, je distingue toujours les demandes de formations relatives au théâtre de celles qui sont en relation avec l’oralité, la communication en cours. Ainsi l’art oratoire peut être un excellent tremplin pour entrer dans le monde du théâtre et de la mise en scène. Il s’agit alors d’une formation FLE. Mais il est un précieux pour aider à la transmission des connaissances, principalement à l’université, dans les filières bilingues. Dans ce dernier cas, je propose une formation qui commence par les techniques de base de l’art oratoire pour finir par la prise de notes et sa restitution par les étudiants. Nous sommes alors dans le domaine du FOU (Français sur objectifs universitaires !) ; il importe que les professeurs soient impliqués, en tant qu’orateurs, dans ce que les étudiants entendent et comprennent, puis restituent.
En classe de FLE, on peut réutiliser les exercices d’art oratoire avec l’objectif de dynamiser son cours et de déclencher la parole chez l’apprenant. On peut ainsi jouer avec les diverses formes d’élocution, le passage d’une voix à une autre, son placement, la production de son et de sens, etc. Dans le cadre du FOU, et une fois les bases mises en place, le travail consiste principalement à adapter son discours, non seulement au public et à son écoute, mais à la situation spatiale et technique. Parler dans un micro n’est pas parler avec un Powerpoint, faire cours dans un laboratoire de physique ou devant un tableau sur lequel on écrit ne demande pas les même compétences que de parler dans un amphithéâtre. Dans tous ces cas différents, il faut « passer la rampe », ce qui signifie pour un acteur, avoir de la présence, être vu, entendu, compris.
Je ne travaille pas la prise de notes comme nous le faisions lorsque nous étions étudiants. J’ai acquis la certitude que la prise de notes appartient avant tout au monde de la communication orale, à la façon dont l’étudiant « reçoit » le message et dont il peut ensuite l’oraliser lui-même. La prise de notes en groupe permet aux étudiants de s’entraider et de mutualiser leurs compétences auditives.
Il faut simplement leur donner toute latitude, en un premier temps, de transcrire dans les caractères ou l’alphabet qu’ils veulent, ce qu’ils entendent.
En un second temps, partir du principe que, seule, l’oralisation de ces notes fait sens. Il reste ensuite à faire travailler les étudiants sur la mise en commun de toutes ces notes pour reformuler l’essentiel du message du professeur. Cette tâche de traitement de l’information orale n’est pas aisée et demande du temps. Son avantage est qu’elle rend l’auditoire actif, fait de l’étudiant un producteur réfléchi et du professeur, un orateur qui se sait écouté… à condition qu’il ait la maîtrise de l’expression orale… la maîtrise que lui a apporté l’art oratoire.
Contact : regine.dautry@wanadoo.fr