explorer-monde-slam-classe-fle

Explorer le monde du slam et monter un atelier en classe de FLE

“Expérimenter le potentiel didactique du slam”
“Explorer le monde du slam sur la toile”
“Se rendre dans un café où a lieu une scène slam régulière”
“Demander à un slameur d’intervenir dans un cours sous forme d’atelier”

Entretien avec Camille Vorger, enseignante en classe de FLE et chercheuse.

 

Bonjour Camille, pourrais-tu te présenter ?

Bonjour!
Je suis enseignante et chercheuse, auteure d’une thèse intitulée “Poétique du slam. De la scène à l’école”. Il y a aussi un sous-titre que je vous épargne parce qu’il contient pas mal de mots compliqués! Disons que la dimension linguistique de mes recherches concerne la néologie, la créativité, les mots inventés dans le slam. Une partie de ma thèse a été récemment publiée, dans une version plus accessible, sous le titre “Slam. Une poétique. De Grand Corps Malade à Boutchou”, dans une collection consacrée à la chanson.
Des étudiants m’ont interviewée la semaine dernière sur ce que j’aime dans mon métier, ce qui m’a poussée à une introspection professionnelle. D’abord, le fait d’enseigner m’a toujours tenu à coeur : j’ai enseigné auparavant en tant qu’instit puis maître-formatrice en IUFM pour la formation des enseignants et animé aussi un certain nombre de formations continues en Français Langue Etrangère et Seconde. Ensuite, c’est un goût pour la recherche, dans laquelle je me suis véritablement lancée il y a une dizaine d’années. Je la conçois comme une enquête, ou plutôt comme un voyage, une exploration… Dans mon cas, j’ai (eu) la chance d’explorer un champ quasi vierge car le slam était alors très peu connu en France. Il est encore assez méconnu car limité aux slameurs les plus médiatisés qui ne rendent pas forcément compte de la diversité d’approches et de styles qui se cache derrière ce mot. C’est exaltant d’ouvrir une nouvelle voie en matière de recherche. Et puis j’ai fait (je fais encore) de très belles rencontres dans le cadre (très ouvert) de mes recherches. Je m’intéresse aussi au slam francophone, notamment en Suisse où j’enseigne, et au Québec où les scènes slam s’inscrivent dans une longue tradition de Nuits de la poésie.

Pourquoi s’être intéressée au Slam ?

D’abord, j’ai toujours aimé la poésie et l’un de mes meilleurs souvenirs d’école est un spectacle de poésies que nous avions mises en voix, en corps, en espace, en scène. Ensuite, un atelier slam m’a été offert (c’est vraiment le terme, un vrai cadeau au moment où je cherchais un sujet de thèse) comme projet de classe. J’enseignais alors  en classe d’accueil et cela m’a donné l’occasion de découvrir et d’expérimenter les potentialités didactiques du slam, et bien au-delà, tout ce qu’il pouvait apporter à des enfants de 6 à 12 ans qui débarquaient en France et devaient faire leur, s’approprier, incorporer cette langue nouvelle avec laquelle on leur proposait de jouer. La mise en voix et en corps se sont révélées essentielles pour qu’ils se sentent à l’aise avec cette langue, qu’ils “trouvent leur voix” en français – l’expression est un peu “tarte à la crème” mais elle fait sens ici! J’aime bien dire que le slam est une maison de mots particulièrement hospitalière… J’ai aussi rencontré à ce moment-là Katia Bouchoueva, poète et slameuse grenobloise, qui a animé cet atelier et qui a été mon guide dans le monde du slam pendant ces années de thèse.

Pour utiliser le slam en classe de FLE, quelles étapes conseillerais-tu de suivre ?

Je pense qu’il est nécessaire d’aller explorer le monde du slam sur la toile pour commencer. Les ressources ne manquent pas! Si possible, on peut se rendre dans un café où a lieu une scène slam régulière pour sentir l’ambiance, s’y plonger, prendre “la claque” (to slam, au sens premier, signifie “claquer”) de plein fouet. Là encore, les scènes ont fleuri dans toute la francophonie – dans le monde entier même – et il est souvent possible d’y assister car elles sont généralement “ouvertes”, c’est-à-dire que le micro est accessible à tous, dans le respect de certaines règles qui visent à limiter la durée des performances pour laisser la parole au plus grand nombre. Il existe aussi des tournois où les poètes s’affrontent, notés par le public ; certaines approches didactisent ce dispositif, mais à mes yeux, ce n’est pas le plus intéressant.
Si on se rend sur place, dans cet espace où le slam explose et s’expose, alors cela peut être l’occasion de rencontrer un slameur ou une slameuse locale pour lui demander d’intervenir dans notre cours sous forme d’atelier. Il est toujours plus fécond, quand c’est possible, d’avoir des interventions extérieures, même ponctuelles, car cela permet de confronter les étudiants à une autre approche, un autre rapport à la langue, à l’écriture,  à la parole. Cela peut être au début ou à la fin de l’atelier par exemple.
S’il n’est pas possible de faire intervenir un artiste, si le contexte ne le permet pas (par exemple dans un pays non francophone), alors il faut se lancer en tant qu’enseignant! Pour cela, il existe quelques sites internet qui proposent des pistes pédagogiques, comme le site de 129H.
Nous avons aussi publié un petit ouvrage à cet effet dans la collection “Les outils malins du FLE” aux PUG, sous le titre “Jeux de slam” (avec Katia Bouchoueva, poète et slameuse, et D. Abry, didacticienne et phonéticienne). Il donne quelques idées d’activités variées à partir d’extraits de slam (transcrits sous la forme de “calepins”) à lire, écouter, voir, réécrire, réinterpréter, etc. Il se présente sous la forme de fiches pédagogiques destinées à des étudiants ou élèves de tous niveaux avec un déroulement détaillé pour être facilement utilisable par des profs de FLES et même de FLM. Le slam est ouvert et accessible à tous!
(visuel)

Comment peut-on te contacter ?

 On peut le faire par mail, à mon adresse universitaire : camille.vorger@unil.ch
Eventuellement via Facebook aussi qui, en ce qui me concerne, est aussi un outil de travail!

Pin It on Pinterest

Share This

Restez en contact avec nous

Soyez notifiés de l'activité du Café du FLE lors:

 

- D'évènements

- D'articles publiés

- De nouveautés liées au FLE