Pour celles et ceux qui se trouvent loin de Paris, voici la prise de note…
On apprend et on n’enseigne pas le français de la même manière selon qu’il s’agit de l’utiliser ponctuellement ou de s‘installer sur un territoire francophone.
Bonjour Corentin, j’ai plusieurs casquettes, d’un point de vue professionnel, je suis consultante en ingénierie de formation. J’interviens par exemple, pour aider des entreprises à mettre en place un modèle de formation, le rendre transférable à d’autres contextes.
Je publie un ouvrage chez Vuibert : “Pro en formation”. Je suis également formatrice de formateurs FLE, FLI, FLP, FOS, FOU (si !), et je propose des formations d’acteurs de la formation sur mesure.
D’un point de vue associatif, j’ai fondé Didac’Ressources, (association loi 1901, reconnue d’intérêt général-c’est le moment de défiscaliser ;o), organisme de formation datadocké) qui vise à promouvoir une formation de qualité pour tous et qui met à disposition gratuitement nombre d’outils de formation, une veille sur l’actualité de la formation.
Je propose également de faire se rejoindre toutes les personnes (chercheurs, ingénieurs, formateurs, journalistes), et structures (ONG, Organismes de formations, universités….) qui travaillent de près ou de loin sur la question de la formation des adultes migrants sur la plate forme Didac’réseau).
Ainsi, par exemple dans le cadre du GRAF, groupe de recherche action formation, je propose actuellement la co-construction d’outils ludopédagogiques autour du numérique et des savoirs dits “de base”, nous allons travailler avec des jeunes atteints de troubles neuroatypiques, des techniciens, et chercheurs pour construire des jeux qui leur permettront d’accéder à internet et lutter ainsi contre la fracture numérique à plus long terme.
M’étant intéressée de près au partage de connaissance, j’ai naturellement exploré les logiciels libres (OSM : Open Street Map pour les cartographies collaboratives), Wikipédia pour les connaissances encyclopédiques, à ce titre, je suis référente Paca pour l’association Wikimedia France, l’association qui porte le projet Wikipédia. Je propose d’utiliser ces logiciels dans l’enseignement du français, car il s’agit de supports incontestablement intéressants, au sens où ils permettent à tous de contribuer, en reprenant la formule de Jimmy Wales, personne ne sait tout, tout le monde sait un peu.
Je suis autrice, par exemple, j’étais dans l’équipe initiale qui a créé la collection Trait d’Union chez Clé International, et proposé plusieurs ouvrages dans cette collection (particulièrement sur l’écriture), j’ai aussi publié chez Didier une monographie, enfin, j’ai co-fondé, avec Hervé Adami, la revue scientifique SFRP : Savoirs et Formation Recherche et Pratique, première revue dont l’objet est de faire le pont avec une équipe pluridisciplinaire et l’enseignement du français en direction des publics migrants.
Voila, pour ce qui concerne des activités pro, sinon, je suis mariée, j’ai deux enfants, un chat, deux poules, j’habite à Marseille, je pratique le yoga, la plongée sous marine, le vélo, je suis passionnée de phytothérapie, de photos…. :o)
Il y a de cela fort longtemps, tu n’étais peut-être pas né :o), j’enseignais le français à des adultes migrants pendant 10 ans, à Nancy, Lyon, Marseille. J’étais alors titulaire une “maîtrise Fle”, oui, je sais, ça n’existe plus ! c’est dire ! Donc, j’enseignais à des personnes très différentes dont l’objectif était de se débrouiller en Français car elles habitaient en France. J’avais auparavant exercé avec des publics FLE, mais lorsqu’il s’agissait de travailler avec des publics non scolarisés (à l’époque certains disaient “analphabètes” et pensaient que tout le monde pouvait le faire), je me suis rendue compte que c’était bien plus difficile que de faire du FLE, ces personnes n’avaient pas appris à apprendre, avaient développé de multiples compétences qui leur étaient niées, par exemple, autour de la mémoire. Bref, je me débrouillais à inventer des activités innovantes et adaptées pour des publics pour le moins hétérogènes, et dont, par exemple, certains étaient issus de pays en guerre, et il fallait éviter les conflits dans la classe, sans compter les situations très difficiles que vivaient ces publics, violence, misère… Parce que ma formation initiale à Nancy était très intéressante et utile mais lacunaire une fois sur le terrain.
A cette époque, j’avais contacté les éditeurs, il n’existait quasiment pas d’ouvrages supports à ces formations, et on me rétorquait que ce public n’était pas “rentable”.
J’ai décidé de reprendre la fac et de proposer une prise en compte de la formation des adultes migrants par l’université.
De fait, je me suis engagée sur une recherche laborieuse (il n’existait vraiment rien sur ce sujet), pendant plusieurs années, tout en travaillant et en élevant mes enfants, j’ai soutenu ma thèse en 2004.
J’étais consultante dans les ministères pour les premières équipes de réflexion sur la mise en place du premier diplôme de reconnaissance de compétences en français des adultes migrants, l’ancêtre du DILF, puis, j’ai travaillé sur le calibrage du niveau A1.1 avec le CIEP, également dans les commissions de réflexion de la DGLFLF, mais aussi des différents ministères qui ont porté la question migratoire, actuellement, de manière non pertinente, à mon sens, c’est le ministère de l’intérieur.
De fait, j’ai participé au FLI pour proposer aux acteurs des formations en direction des migrants d’être attentifs à la qualité de la formation et j’ai donné des clés dans le référentiel sur les compétences indispensables aux formateurs qui travaillent avec des adultes migrants. Ce référentiel, a toutefois été porté par le ministère de l’intérieur, puisque c’est ce ministère qui de est est en charge des publics migrants.
Je continue à soutenir les actions en direction des publics qui arrivent, notamment en proposant des formations de formateurs aux bénévoles, en co-construisant des plate-formes collaboratives, (exemple, doc en stock), des guides et autres ressources pour l’enseignement du français…
On apprend et on n’enseigne donc pas le français de la même manière selon qu’il s’agit de l’utiliser ponctuellement, ou parce qu’on veut s’installer sur un territoire francophone.
De fait, un-e formateur-trice se doit tout d’abord d’envisager le contexte, les acteurs investis dans la formation (par exemple, la formation entre-t-elle dans un dispositif cadré avec des contenus pré-établis, des horaires, un nombre d’heures), dispositif de l’état par exemple, ou s’agit-il d’une formation en entreprise ? il faut distinguer la demande et les besoins, qu’en est-il de l’apprenant ? quel profil ? quelles sont ses compétences préalables ? certains migrants ont traversé des épreuves inimaginables, développé des compétences précieuses, ont des contraintes fondamentales, on ne peut pas faire de la formation hors sol.
On a besoin de connaitre leurs contraintes, leurs besoins, de savoir s’ils ont été scolarisés ou non (auquel cas, il faudra travailler sur l’apprendre à apprendre), s’il maîtrisent l’oral en expression, en compréhension, en interaction, l’écrit. On peut repérer leurs compétences en se basant sur le CECR (cadre européen commun de compétences) et les référentiels associés.
Attention toutefois de ne pas confondre un référentiel avec un programme de formation, ce n’est absolument pas son rôle. On peut identifier l’environnement communicatif des apprenants pour construire des parcours appropriés et avant de co-construire avec eux autant que faire se peut, des parcours appropriés.
Dans ce cadre, on définit des objectifs, des contenus, et on structure un cadre de formation en fonction d’une analyse préalable assez poussée.
J’ai expliqué la démarche plus en détail dans “Créer des parcours d’apprentissage pour le niveau A1.1” publié chez Didier.
Bien entendu les formations ne doivent jamais être figées et fixées en avance, les formateurs-trices doivent pouvoir s’adapter aux situations formatives, inclure la souplesse et ne pas négliger l’actualité.
Je prône la co-construction avec les apprenants eux mêmes en fonction de leurs demandes et besoins, ceci permet aussi de les motiver. Il ne suffit pas d’une approche purement fonctionnelle non plus. J’inclus l’éclectisme raisonné dans mes formations, une approche n’est pas nécessairement la bonne au moment T. Il faut savoir jongler en fonction des situations, ceci implique aussi de maîtriser les apports des différentes méthodologies. Il faut aussi pouvoir animer les cours de façon participative en tenant compte de tous les profils d’apprenants. En apportant de l’innovation, en proposant des activités adaptées à notre époque, notamment l’usage des outils numériques.
Et le point clé, à ne jamais jamais négliger, ne jamais se placer au dessus des apprenants, valoriser leurs savoirs, leur donner la possibilité de les exprimer, montrer que la collaboration, la complémentarité de leurs identités est un atout pour tous et que les compétences se co-construisent en contexte.
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