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Immersion. Organiser des séjours qui font plonger dans le français

En route pour le pays des kangourous ! Gilles et son épouse Zarina ont créé un Centre d’apprentissage de la langue et de la culture française. Un retour d’expérience pour proposer des séjours en immersion.

 

Bonjour Gilles, quel est votre parcours ?

J’ai la chance d’avoir un parcours atypique. J’ai commencé ma carrière comme ouvrier d’usine quand j’avais 16 ans. Puis, j’ai fait une capacité en droit qui m’a permis d’entrer à l’université et d’obtenir ma licence en droit quelques années plus tard. J’ai commencé ma carrière de prof de FLE au Centre de Linguistique Appliquée de Besançon. J’ai pu être embauché comme prof de français juridique. Puis j’ai été embauché pour les cours intensifs d’été. A l’époque, je finissais ma maîtrise de linguistique appliquée et mon DEA de linguistique, sémiotique et communication. Je suis ensuite parti enseigner à l’université de Sydney.

J’ai ensuite été embauché par une école prestigieuse en Australie : Sydney Grammar School où je suis resté 10 ans. Là, j’ai appris à devenir un “vrai prof” de lycée et mes élèves en ont bénéficié; beaucoup d’entre eux quittant le lycée complètement courants en français.

Puis, ma femme Zarina et moi-même avons ressenti ce que, plus tard nous avons appelé, “l’appel du vert”. Nous avons démissionné de nos postes pour venir habiter dans le Nord de la Nouvelle Galles du sud (Upper Crystal Creek) où nous avons fondé la Maison de Ste Claire. C’est un Centre d’apprentissage de la langue et de la culture française où les apprenants viennent faire des stages d’immersion.

La Maison de Ste Claire a ouverte ses porte en juillet 2000 et n’a cessé ses activités depuis. Je crois pouvoir dire que ma carrière de prof de FLE a pris un nouveau tournant : j’ai appris à devenir indépendant et surtout à être plus imaginatif dans la préparation de mes cours et surtout à être moi-même ce qui n’est pas toujours facile dans n’importe quelle institution!

Qu’est ce qu’un séjour en immersion ?

Un séjour en immersion est un séjour où les apprenants sont invités à parler et écouter le français depuis leur arrivée jusqu’à leur départ.

On leur propose 4 heures de cours par jour et des activités l’après midi: cours de cuisine, jardinage, jeux de société, films (Sous-titrés en français), télévision (TV5), promenade dans la vallée, pétanque, etc.

C’est un séjour où on fait sentir aux apprenants que la Maison de Ste Claire est un petit coin de France en plein milieu du “bush” australien. On doit parler la langue cible.

Comment s’est décomposé votre travail entre l’idée et aujourd’hui ?

L’idée a germé dans nos têtes bien évidemment alors que nous ne savions pas ce que nous allions devenir à Crystal Creek mais nous n’avions pas peur. Nous avons pensé d’abord a créer une Alliance française et finalement, nous avons pensé à la Maison de Ste Claire car nous ne voulions pas créer une autre institution qui existait déjà et surtout, nous voulions rester libres.

La maison que nous avions achetée était parfaite pour accueillir des apprenants car elle a été conçue avec deux wagons immenses qui constituent les chambres (5 chambres) et un salon immense avec une grande cuisine qui nous permet d’organiser des buffets pour les repas. C’est d’abord un travail d’équipe entre Zarina et moi-même. Zarina occupe de tout ce qui est publicité, marketing, achat de la nourriture et préparation des repas (nous accueillons parfois 12 personnes à la fois), impôts et l’agencement du site internet. C’est elle qui a créé notre premier site Internet il y a 15 ans.

Je m’occupe de la préparation des leçons, programmes (que nous envoyons aux écoles, aux parents ou aux apprenants adultes) et bien sûr je suis le seul prof de la Maison (En fait, nous employons parfois un prof supplémentaire quand il y a des différences de niveaux trop prononcée dans une classe donnée). Nous travaillons aussi avec Sylvia depuis plus de 10ans. Sylvia s’occupe des cours de cuisine (Sylvia est française et elle habite à trois minutes de la maison). Les apprenants qui quittaient la Maison de Ste Claire il y a encore quelques année partaient avec un CD qui résumait leur séjour mais aujourd’hui, on leur prépare un livre interactif électronique (e-book).
Je me souviens de notre premier groupe scolaire qui se composaient de quatre filles et un professeur. Aujourd’hui, nous accueillons des groupes de tout le pays et de tous les états.

Nous avons également créé un site Internet complet qui propose des cours de débutants complets (A1) à étudiants avancé (B1); il s’agit d’un cours hybride. L’ambition est de venir en aide aux professeurs et surtout aux apprenants et de “démocratiser” l’enseignement du français (Seules ou presque les écoles privées proposent des cours de langue en Australie et les frais de scolarité sont très élevés). D’ailleurs, c’est aussi le sujet de notre thèse.

Le travail consiste également dans l’entretien de la propriété (5 hectares). La première année, nous avions planté 90 arbres fruitiers qui nous donnent des centaines de kilos de fruits chaque année. Cela faisait partie du projet: proposer de la nourriture bio aux apprenants. Donc notre centre est avant tout un centre écologique. Cela correspondait à notre rêve de devenir auto-suffisants et en pleine santé. Je crois pouvoir dire aujourd’hui que tout cela n’est pas un travail. Depuis que nous sommes ici, nous ne travaillons plus. Les activités que nous faisons pour la Maison de Ste Claire sont totalement créatives et quand on développe un tel niveau de créativité, le mot “travail” ne veut plus rien dire… Je crois aussi que ça vient du fait que nous sommes totalement nous-mêmes et à tout instant. Je souhaite à tous les profs du monde entier de ressentir ça une fois dans leur vie!

Quels sont les points à soigner particulièrement ?

Il y a beaucoup de points à soigner. Je dirais que pour qu’un tel projet réussisse, il faut être véritablement professionnel. La nourriture doit être délicieuse et hygiénique bien sûr. L’entretien de la maison et de son entourage est constant. Il faut toujours être accueillants car imaginez des gens occupant votre maison plusieurs mois par an.
Surtout, les apprenants doivent sentir qu’ils progressent et ce juste après quelques jours. Au niveau de l’enseignement, on doit toujours se remettre en question. Rien n’est acquis! (mais cela est valable pour tout). Comme nous ne ne recevons pas de salaire, on ne peut pas se permettre d’être médiocres. On ne peut pas avoir un jour “sans”, être malades voire même fatigués (Donc on doit s’occuper de sa santé). On doit faire en sorte d’être très sociable et disponible à tout moment (Une journée typique commence à 7 heures et finit à 10 heures du soir). Pour faire court, on doit être positif et chasser les pensées négatives immédiatement quand elles surviennent. Le dernier point est qu’il faut avoir une équipe qui fonctionne bien (Chez nous, moi et Zarina, un travail de couple) donc il n’y pas de place pour les conflits, la jalousie ou autre… Je dirais aujourd’hui qu’il ne faut jamais écouter l’opinion des autres quant à ce que vous faites car il y a encore beaucoup trop de gens négatifs qui vont se faire un malin plaisir à vous démotiver (Quand nous avons commencé, le conseiller culturel de l’ambassade de France me disait au téléphone que jamais nous ne pourrions attirer des apprenants au beau milieu de nulle part!). Le point le important sûrement est qu’il faut garder son enthousiasme.

Comment peut-on en savoir plus sur la Maison de Sainte Claire ?

Vous pouvez nous contacter si vous avez des questions ou besoin de conseils : gilles@maisondestclaire.com

Vous pouvez aussi consulter notre site internet

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