Utilisons l’environnement francophone pour enseigner le FLE. Entretien avec Chantal Parpette, maîtresse de conférences en FLE à l’université Lyon 2.

Bonjour Chantal, pourriez-vous vous présenter ?

Je suis maîtresse de conférences en FLE à l’université Lyon 2. Ma principale activité d’enseignement est la formation des étudiants-futurs enseignants du Master FLE. J’assure également quelques cours de FLE auprès d’apprenants du centre d’études françaises. Mon travail de recherche concerne les pratiques d’enseignement, le FOS, et plus particulièrement le Français sur objectif universitaire.

De quel constat est partie l’approche pédagogique que vous proposez ?

Le point de départ est très simple et relève du bon sens : l’enseignement du fle en France utilise relativement peu l’environnement francophone dans lequel il se déroule. Si on peut supposer que le fait de vivre en France a un impact (non mesuré…) sur l’apprentissage de la langue par les étudiants allophones de nos centres de langue, cet environnement particulier – a priori favorable – n’est pas explicitement intégré dans une méthodologie d’enseignement. Nous souhaitions donc, avec quelques collègues, constituer une démarche spécifique d’enseignement en contexte homoglotte.

Comment se déroule une séquence ? Et pédagogiquement, quels sont les objectifs ?

L’objectif est de créer un apprentissage combiné entre la classe et le milieu extérieur. La méthode FLE que nous avons créée pour cela (ICI, CLE International 2007) propose, à l’issue de chaque unité, 4 ou 5 enquêtes extérieures réparties dans le groupe, que les apprenants mènent généralement par deux. Ces activités consistent au début à observer, noter des pratiques culturelles et des échanges langagiers dans différentes situations (au café, au marché, dans un magasin, dans un musée). A un niveau un peu plus avancé, les apprenants rencontrent et interrogent des gens dans différents lieux pour recueillir des informations sur leur travail, leurs loisirs, leur logement, etc. Après la découverte de l’unité en classe, ces activités extérieures donnent lieu à la 3e phase du cours qui consiste, de retour dans la classe, à échanger sur les résultats rapportés, aussi bien en termes d’informations que sur le plan de la langue grâce aux notes prises pendant les enquêtes. Cela permet à la fois de pratiquer la langue dans le milieu francophone et de confronter ce qui est appris en classe à ce qui est observé et entendu dehors.

Auriez-vous 5 exemples d’activités à faire réaliser aux élèves ?

1. Dans un café, les apprenants observent et notent ce que font les clients (ils téléphonent, ils discutent, ils lisent…), et quelles expressions ils utilisent pour commander.
2. Dans un parc, ils relèvent toutes les activités qu’y pratiquent les gens, et demandent quelques informations au vendeur de glace par exemple.
3. Ils entrent en contact avec un étudiant français qu’ils interrogent sur son budget.
4. Dans la mairie de leur arrondissement, ils vont demander la liste des documents à fournir pour se marier.
5. Dans un lieu de loisir, jardin, parc, ils entrent en contact avec un retraité qu’ils interrogent sur sa vie professionnelle antérieure, sur ses occupations actuelles.

Comment en savoir plus sur vous et vos travaux ?

Pour comprendre la démarche, le plus simple est de regarder le Fichier découvertes la méthode ICI 1 et 2. Et aussi de lire l’article qui la décrit : « L’influence d’un environnement homoglotte sur l’enseignement du FLE : d’une réalité diffuse à une méthodologie constituée », Fievet M et Abry D (éds) L’enseignement/ apprentissage du Français Langue Étrangère en milieu homoglotte : spécificités et exigences, Grenoble : PUG, 21-31.

Voir aussi : http://icar.univ-lyon2.fr/membres/cparpette/