Six étapes pour développer le chiffre d’affaires d’un centre FLE

“En quatre ans, le Centre de langues a connu un développement conséquent. Nous avons doublé le nombre d’inscriptions et le chiffre d’affaires.”

Christelle Mignot nous parle de son expérience au Centre de Langues  (CDL) à l’Institut français du Mali.

 

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Bonjour Christelle, peux-tu te présenter ?

Je travaille dans le domaine du FLE depuis 13 ans.

J’ai commencé comme professeur de FLE au Mexique, en Turquie et en France, puis j’ai occupé plusieurs postes dans le réseau des Ambassades, Alliances et Instituts français : attachée de coopération linguistique au Salvador (VI), Experte Technique Internationale en République Démocratique du Congo, responsable pédagogique à l’Alliance française de Nice.

Depuis 4 ans, je suis directrice du Centre de Langues  (CDL) à l’Institut français du Mali.

 

Peux-tu nous parler de l’enseignement du français au Mali, du contexte ?

La langue française est la seule langue officielle du Mali, langue de l’administration, de l’enseignement et des affaires. Pourtant, elle n’est correctement maîtrisée que par 15% de la population.

Cette faible maîtrise du français s’explique, entre autres, par les maintes difficultés auxquelles sont confrontés les enseignants sur le terrain : classes pléthoriques, rareté des outils pédagogiques, inadéquation  des programmes avec le contexte plurilingue du Mali, manque de formations pédagogiques, etc.

Ainsi, seules les familles qui disposent de moyens peuvent scolariser leurs enfants dans des établissements d’élite où l’enseignement est de qualité.

Ceci produit de grandes inégalités en ce qui concerne le niveau d’études, la maîtrise de la langue française et l’accès aux emplois.

 

L’Institut français a réussi à se développer (heures enseignées, chiffre d’affaires), quelles sont les techniques utilisées ces dernières années ? 

En quatre ans, le Centre de langues a en effet connu un développement conséquent. Nous avons doublé le nombre d’inscriptions et le chiffre d’affaires.

Pour réaliser cette progression, nous avons procédé en 6 étapes.

  • Des ouvertures de nouvelles classes… chaque semaine !

Nous avons constaté que le fait de proposer des plannings définis ne fonctionnait pas. Les jours de rentrée, certains stagiaires n’étaient plus disponibles et les classes ne comptaient pas assez de d’inscrits pour être rentables. Nous avons donc mis en place un système d’ouverture de cours sur la base de listes. Le principe est simple : vous êtes évalué en B1.3 et aucune classe de ce niveau n’est prévue dans l’immédiat ? On crée une liste d’attente, on fait la promotion du cours par newsletter et sur les réseaux sociaux, on relance les anciens élèves. Dès que le cours compte assez d’inscrits pour être rentable et dégager des bénéfices, nous l’ouvrons.

Parmi les nombreux avantages d’un tel fonctionnement : les apprenants, pressés de commencer les cours, font eux-aussi la promotion de leur classe afin que celle-ci ouvre le plus rapidement possible !

  • L’enrichissement permanent de notre catalogue de formations 

Lorsque nous avons supprimé les plannings de cours, nous avons communiqué sur le fait que l’offre de formation du Centre de langues était entièrement sur-mesure. Progressivement, nous avons donc reçu de nouveaux publics : des cadres francophones souhaitant améliorer leur éloquence, de jeunes enfants éprouvant des difficultés à l’écrit, des artistes intéressés par le montage de projets, etc.Nous avons donc mis en place un système d’enrichissement permanent de notre offre de cours. Notre fonctionnement pourrait se résumer ainsi : « la formation dont vous avez besoin n’existe pas ? Venez nous en parler ! Si d’autres personnes sont intéressées, nous pouvons créer le cours et le commercialiser ! ».C’est ainsi que nous nous sommes rapidement diversifiés, en complétant le catalogue initial (de FLE, FOS et informatique), par des cours de FLS (Français Langue Seconde), FOU (Français sur Objectifs Universitaires), alphabétisation, français précoce, français par les arts (musique, contes, marionnettes, théâtre et Stand Up), langue nationale et des cours de renforcement de compétences pour francophones (prise de parole en public , écriture administrative, techniques de vente pour commerciaux).Dès que les nouveaux cours étaient créés, le fonctionnement était le même que pour les cours traditionnels : nous en faisions la promotion jusqu’à ce qu’il y ait assez d’inscrits pour que le cours devienne rentable.Ceci nous a permis d’enrichir considérablement notre offre de formations et de répondre de manière plus efficace aux besoins des publics maliens et expatriés.

  • La création d’une offre de formation de formateurs

Grace à cet élargissement de notre offre de formations, beaucoup d’institutions maliennes et étrangères ont fait appel à nous pour des cours de Français sur Objectifs Spécifiques et de français professionnel. Le CDL est ainsi devenu Centre de formations pour des banques, des entreprises de télécommunication, des Ministères, des regroupements d’artistes, des collectifs de journalistes, des administrations, etc.Comme le « bouche à oreille » fonctionne très bien au Mali, les acteurs éducatifs investis dans le domaine de l’enseignement du français au Mali ont commencé à entendre parler de notre activité et nous ont sollicités pour des  formations pédagogiques de professeurs de français.Progressivement, nous avons ainsi créé une offre de formations de formateurs au Mali, mais aussi dans d’autres pays de la sous-région. Nous avons en effet été amenés à animer plusieurs modules de formation au Burkina-Faso et au Niger, aussi bien sur les pratiques de classe, que sur le FOS ou encore les habilitations DELF/DALF.Ce développement a largement contribué à l’attrait de nouveaux apprenants dans les salles de classe. Pour les publics, le fait de  savoir que le Centre assure des formations d’enseignants rassure quant à la qualité des cours.

  • La mise en œuvre de la démarche qualité dans les salles de classe

Du fait de cet effort d’élargissement de l’offre de cours et de formations de formateurs, nos effectifs n’ont cessé d’augmenter à partir de la deuxième année d’activité, et ce, malgré les problèmes sécuritaires au Mali.Le nombre d’inscriptions est ainsi passé de 700 à 1500 en quatre ans.Pour faire face à un tel développement, il nous a fallu sans cesse recruteraccompagner et former de nouveaux professeurs de français ainsi que des professionnels issus d’autres secteurs pour nos cours « spécifiques »[1].Nous avons donc dû mettre en place un système efficace de contrôle de la qualité des nouvelles offres de formation. En effet, pas question de communiquer quant à une nouvelle offre tant que cette dernière ne recevait pas 100% de retours positifs de la part des stagiaires.Ainsi, outre les procédures habituelles de contrôle de la qualité des cours[2], nous avons mis en place un système attirant et rassurant pour les apprenants, avec le message suivant: « Vous n’êtes pas satisfait par votre cours ? Dites-le nous ! Nous vous proposerons une nouvelle formation, entièrement gratuite ».Ceci nous a permis de créer un dialogue entre les apprenants et l’équipe enseignante et de fédérer tous les acteurs autour de la démarche qualité du Centre et de cet objectif de « 100% de satisfaction » !

 

  • L’organisation d’événements et le montage de projets ouverts à des professionnels externes au Centre de langues 

Tout au long de l’année, nous avons proposé  des actions et événements gratuits et ouverts à tous les acteurs éducatifs du Mali : des journées d’échange autour de la didactique du français, la promotion et diffusion des outils de l’Institut Français de Paris[3], des portes-ouvertes pour les étudiants,  des conférences, des formations ou encore des jeux-concours.Par ailleurs, nous avons systématiquement invité des enseignants externes au Centre de langues à nos formations ou projets d’ingénierie pédagogique. C’est ainsi, par exemple,  que des professeurs de l’Alliance française de Mopti ou d’établissements publics maliens ont participé avec notre équipe à l’élaboration de la série de fiches pédagogiques « Parents, mode d’emploi » en partenariat avec TV5Monde[4].Si ce travail d’ouverture et d’accompagnement a demandé beaucoup d’investissement de la part de toute l’équipe, il a été déterminant, selon moi, dans le processus de développement du Centre de langues. En effet, ces efforts ont permis au CDL de devenir un véritable espace d’échange autour des questions liées à la francophonie et au plurilinguisme. Chercheurs, enseignants, étudiants, membres d’associations, cadres de Ministères  et chefs d’établissements : tous ces acteurs ont toujours été les bienvenus au CDL pour échanger des idées et créer des partenariats. Nous avons ainsi été en permanence dans un travail de remise en question et de montage de nouveaux projets.

  • Un management participatif !

Enfin, je pense que l’élément le plus déterminant dans notre parcours a été le type de management choisi : un management participatif, centré sur le relationnel.

Il a fallu plus d’un an pour que ce type de gestion des ressources humaines fonctionne dans un pays comme le Mali où les relations sont habituellement très hiérarchisées. Pour ce faire, nous avons procédé en trois étapes.

Dans un premier temps, nous avons réorganisé les bureaux du Centre de langues et redistribué les tâches. En 2014, j’étais toute seule pour tout gérer : accueil des publics, tests de positionnement, organisation et évaluation des cours, gestion des examens, formation des profs, etc. Impossible de continuer ainsi avec la hausse des effectifs.

Nous avons donc aménagé un grand bureau en Open Space où les enseignants, progressivement, ont endossé de nouvelles responsabilités liées à la gestion du Centre. Lorsqu’il n’y avait pas de cours, certains géraient les inscriptions et les tests de positionnement tandis que d’autres participaient avec moi à une réflexion sur la politique tarifaire. Certains contrôlaient les cahiers de classe tandis que d’autres amélioraient les nouveaux kits de formation, etc.

Cette nouvelle organisation a très bien fonctionné car les enseignants se sont sentis valorisés etmotivés par cet élargissement de leurs responsabilités. Leurs salaires ont par ailleurs valorisés du fait de ces heures supplémentaires, payées sous forme de prestations de services.

Nous avons alors engagé le « noyau dur » des enseignants dans un processus de renforcement de compétences en organisant des formations liées non seulement à la coordination d’un centre de langues, mais aussi à la démarche qualité, à la formation de formateurs et au marketing des cours.

Progressivement, nous avons donc créé une équipe soudée où tous les collaborateurs ont des responsabilités « extra-pédagogiques », où la parole de tous les acteurs est valorisée et où toutes les décisions sont prises de manière collégiale.

Les avantages d’un tel fonctionnement sont nombreux :

  1. les agents sont motivés et participent activement au développement du Centre ;
  2. l’ambiance entre collaborateurs est familiale ;
  3. la routine ne s’installe jamais dans l’équipe étant donné que toutes les procédures sont sans cesse analysées, discutées, améliorées.

J’ai adoré travaillé de la sorte avec l’équipe ! Les collaborateurs vont me manquer !

 

Comment faire pour te contacter et en savoir plus sur l’Institut français du Mali  ?

 

Christelle Mignot FLE

Je termine bientôt ma mission au sein du Centre de langues. Pour me contacter, mieux vaut donc utiliser l’adresse personnelle: mig.ch@hotmail.com

Pour contacter mes collaborateurs, vous pouvez écrire à l’adresse suivante :info.cdl@institutfrancaismali.org. Vous serez ainsi en contact avec un des membres du pôle de gestion des apprenants : Bakou, Evelyne, Mahamane, ou Dénon.

Au plaisir d’échanger avec vous !

[1] Par exemple : des journalistes pour les formations à la rédaction d’articles ou des responsables de structures administratives pour la formation de secrétaires francophones.

[2] Comme la vérification des fiches de préparation, la mutualisation des ressources,  les  observations de classes, les questionnaires de satisfaction, etc.

[3] IFprofs, IFos

[4] http://enseigner.tv5monde.com/collection/parents-mode-demploi-version-gabonaise

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