Benoît des Zexperts FLE nous explique son travail et lance une offre d'abonnement via le…
Que faites-vous des ressources que vous créez pour vos cours ? Cette innovation des Zexperts FLE nous fait réfléchir.
Ils proposent à la vente des ressources pédagogiques dans leur boutique FLE. C’est l’occasion d’en savoir d’avantage sur la création de ressources pédagogiques, et de s’interroger sur ce modèle économique.
Benoit – Notre objectif, c’est de pouvoir mettre en ligne de plus en plus de ressources de qualité et adaptées au besoin des formateurs FLE. Pour cela, gagner un peu d’argent avec le site devenait indispensable. Nous souhaitons vraiment nous professionnaliser dans cette voie. Quand on crée un blog, la première idée, c’est de mettre de la pub.
Maxime – Nous nous étions engagés sur deux voies. D’abord, le financement par de la pub ciblée. Nous nous sommes mis d’accord avec un éditeur FLE pour produire une série d’articles sponsorisés sur leurs dernières parutions. Le but était de proposer un article critique de fond, sponsorisé certes mais impartial. Mais cela nécessitait de bien tester les produits et, pour une méthode FLE, cela prenait un temps énorme (trouver le bon groupe, tester en classe,…). Un investissement horaire pas du tout en rapport avec la rémunération associée. Donc suite à une renégociation qui n’a pas été concluante nous avons laissé tomber. On a aussi tenté la pub google mais soyons clairs : c’est moche, mal ciblé et pas rémunérateur.
Ewa – La publicité ne répondait pas à nos besoins : le site est un peu notre petit monde. La pub met du désordre et en plus ne rapporte presque rien. Je n’aime pas les sites où il faut passer par toute une forêt de pubs pour accéder au contenu… ça rend le site moche et peu crédible.
Benoit – Bref, il fallait trouver autre chose. Et puisque nos ressources sont de plus en plus téléchargées, le plus logique était de proposer certaines ressources à la vente. En plus, c’est un modèle plus éthique, loin de l’illusion du tout gratuit qui impose la vente des données des utilisateurs. On a hésité longtemps, et on se lance maintenant.
Benoit – C’était un des problèmes principaux. Finalement, tout ça, c’est en quelque sorte de l’édition. Nous avons commencé logiquement par essayer de faire des propositions aux éditeurs. Mais sans résultats. Nous avons donc décidé de passer sur un modèle de vente directe en ligne. En cherchant un peu, nous avons découvert que d’autres le font, sur leurs blogs ou sur des sites communautaires de vente de ressources entre profs, le plus important étant teachers pay teachers. Donc la vente en ligne de ressources par des profs, même si ça reste marginal, ça existe. Et le FLE est encore très peu présent. Il y a donc des opportunités à saisir, mais il faut jouer sur le long terme. Dans notre cas, nous avons finalement choisi de tout faire sur notre site. Celui-ci étant sous WordPress, nous avons utilisé un plugin gratuit (WooCommerce) et tout fait nous-même. C’est du boulot. Mais le plus important est que ce système permette de faire des paiements sécurisés, ce qui est le cas, via paypal ou par virement bancaire.
Maxime – D’abord, il faut donner beaucoup. Le site des Zexperts est avant tout un blog pédagogique de ressources gratuites. Il est devenu de plus en plus populaire grâce à la qualité des ressources proposées. On s’en est rendu compte grâce aux commentaires des professeurs qui utilisent nos matériaux pédagogiques. Ces ressources nous ont donc fait connaitre. Maintenant nous voulons passer à la vitesse supérieure et dire : voilà, en plus des ressources gratuites, on veut vous proposer des activités plus ambitieuses et plus complètes sur un format payant mais accessible (autour d’un euro).
Benoit – Il est important aussi de développer une communauté par les réseaux sociaux et d’entretenir un rapport de proximité avec ceux qui nous suivent. Nous assurons en quelques sortes le SAV de nos ressources, en répondant aux questions ou en faisant des suggestions. Beaucoup de profs viennent aussi témoigner de la manière dont ils ont utilisé les ressources, ce qui est enrichissant pour tout le monde.
Ewa – C’est la présence qui compte, le rappel continu : oui, nous sommes là, on ne vous oublie pas. Pour moi surtout c’est la nécessité d’avoir des idées et de vouloir les partager. Parfois c’est dur, car on donne, on donne beaucoup. La participation dans les commentaires compte aussi. Si je reçois des retours (le plus souvent positifs, ce qui me remonte le moral), j’y réponds, je m’intéresse aux différents moyens d’utiliser nos activités. L’offre est aussi d’une certaine manière adaptée aux besoins du “marché”; grâce aux réactions des internautes nous savons ce dont ils ont besoin et aussi ce qui est moins pertinent. Du coup, ça oriente un peu notre création. Si l’on donne, on a envie de donner quelque chose qui sera utile.
Benoit – Exactement comme pour le site, on démarre doucement. Il y a six ressources en ligne au moment du lancement, dont deux sont gratuites car elles sont basées sur des activités que nous avions initialement publiées sur le blog.
Maxime – Pour les premières fiches, on proposera 4 formats ou types de ressources :
Toutes ses ressources ont été testées et validées en cours. Nous les avons également confiées à ceux que nous appelons les bêta-testeurs : une dizaine de personnes qui reçoivent les futures ressources par mail, les testent, et laissent leur avis sur le site. C’est la crème de nos productions. On en est fiers. On y croit. Peut-être qu’on pourra arriver à un modèle parallèle à l’édition ou l’on proposerai des outils plus originaux et plus rock’n’roll. C’est notre idée et on espère de surtout que les professeurs vont nous suivre.
Ewa – Ce sont des fiches comme celles que nos fans ont appréciées depuis deux ans : solides, drôles, axées sur un point de grammaire ou de vocabulaire précis ou au contraire permettant de brasser un maximum de connaissances diverses. Ce n’est pas une révolution, c’est plutôt un pas en avant et chaun . C’est la qualité que nos habitués connaissent depuis longtemps, mais avec un petit plus.
Maxime – Les maisons d’édition FLE vivent trop sur leurs acquis. Il y a peu d’innovation et toutes les méthodes se ressemblent. Ce conformisme est en partie dû à la nécessité commerciale de satisfaire un public d’apprenants le plus large possible. Rares sont les éditeurs qui prennent des risques et nous proposent autre chose (je pense à Maison des langues avec Rond Point qui a publié une méthode 100% actionnelle. On aime ou on n’aime pas, mais c’est un vrai défi). Beaucoup de méthodes sont un calvaire à utiliser car répétitives et ennuyantes pour les élèves faute de thématiques et d’approches nouvelles.
Alors, il y a peut-être une voie à creuser dans l’édition en ligne. On observe autour de nous que les profs ont de moins en moins de temps. Notre idée c’est de fournir des ressources complètes, testées en classe, originales, motivantes pour l’apprenant, prêtes à l’emploi (du print and teach, comme on dit chez nous) et enfin de qualité pour faciliter la vie des profs et leur faire gagner du temps.
Seulement, vendre sur internet n’est pas chose aisée. Cela demande au prof de dépasser un blocage psychologique : je suis prêt à acheter un bouquin de grammaire ou une méthode papier mais est-ce que je pourrai acheter mes activités à la carte en ligne? Il y a un changement de mentalité qui s’opère peu à peu, mais qui n’est pas encore achevé.
Ewa – Je n’analyse pas trop le monde de l’édition FLE. J’ai eu dernièrement quelques coups de coeur et quelques déceptions; je suis attachée à mes bouquins préférés et je déteste ceux que j’ai toujours détestés. Mais, pour essayer de répondre à ta question : dans ce qui évolue maintenant, je vois le pouvoir croissant de l’instantanéité. Si je peux imaginer l’évolution des méthodes, je vois malheureusement moins de textes et plus de simplicité, de rapidité genre Twitter, et je trouve que c’est très dommage. En plus, je m’aperçois que les étudiants veulent de moins en moins acheter de livres. Tout tend vers le numérique, et il faudra du temps pour adapter le langage d’Internet aux besoins sérieux d’apprentissage. Numérique est souvent synonyme de qualité médiocre, mais il y a des exceptions.
Benoit – Difficile à dire. Ce qui est sûr, c’est que le format numérique et les petites structures permettent une réactivité beaucoup plus grande. Un exemple simple : lors des attentats de janvier, nous avons pu très rapidement proposer une ressource FLE pour les profs. Hors, vu le trafic généré, il est évident que les profs sont demandeurs de ce genre de choses. Les maisons d’édition, avec leurs budgets, pourrait répondre à ce genre de demandes, mais elles ne le font pas. Du coup, ça devient notre terrain : la ressource qu’on peut acheter à l’unité pour une petite somme, qui correspond à mon besoin, ici et maintenant, mais que je pourrai aussi réutiliser plus tard.