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Qui sont les profs de français dans le monde aujourd’hui ?

Entretien avec Cynthia EID, présidente de Fédération Internationale des Professeurs de Français (FIPF) 🌍

“Les profs de français aujourd’hui sont des femmes et des hommes amoureux.ses de la langue française, engagé.e.s dans une vocation qui leur colle à la peau, celle de faire briller les yeux de leurs apprenant.e.s « de » et « en » français, d’en faire d’elles et d’eux les citoyen.ne.s francophone.s de demain et de faire rayonner la langue française dans le monde.”

Bonjour Cynthia, pourriez-vous vous présenter ?

Bonjour, je me présente comme citoyenne du monde. Je baigne dans l’interculturel et le plurilinguisme dès mon bas-âge. Je suis Canadienne avec des origines libanaises, vivant à Paris depuis 5 ans maintenant, et maman de deux garçons : Yves (5 ans) et Paul (2 ans).
Sur le plan professionnel, j’occupe un poste de doyenne de l’École de formateurs à Paris et suis professeure de didactique de FLE, passionnée par l’enseignement et la formation. La salle de classe est mon oxygène.
J’ai été élue, en juillet 2016, vice-présidente de la Fédération internationale des professeurs de français (FIPF) et en juillet 2021 présidente mondiale de ce beau réseau. Dans l’histoire de la FIPF, je suis la 2è femme à accéder à la présidence depuis plus de 50 ans maintenant.
La citation de Marcel Proust me colle bien à la peau : « le véritable voyage de découverte ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages, mais à avoir de nouveaux yeux ».
Comme tous les lecteurs du Café du FLE, je suis tombée en amour du français, langue fédératrice. Je suis passionnée par l’enseignement de son alphabet, de sa phonétique, de sa syntaxe, de sa grammaire, de ses actes de langage, mais aussi de son histoire, de sa littérature, de ses auteur.e.s, et comme dans toute histoire d’amour, les qualités attribuées au français sont infinies.

Qui sont les professeurs de français aujourd’hui ?

Les profs de français aujourd’hui sont des femmes et des hommes amoureux.ses de la langue française, engagé.e.s dans une vocation qui leur colle à la peau, celle de faire briller les yeux de leurs apprenant.e.s « de » et « en » français, d’en faire d’elles et d’eux les citoyen.ne.s francophone.s de demain et de faire rayonner la langue française dans le monde.
Ce sont des femmes et des hommes passionné.e.s et fier.e.s de leur métier malgré la précarité dans laquelle certain.e.s vivent.
Ce sont des femmes et des hommes qui ont saisi la crise pandémique avec ses solitudes et ses contraintes, avec ses difficultés et ses impasses pour les transformer en des opportunités les rapprochant davantage de leurs apprenant.e.s, favorisant autant que possible une relation « individualisée » avec chacun.e dans une continuité pédagogique « quasi normale ».
Ce sont des femmes et des hommes qui sont en première ligne pour guérir les blessures de leurs apprenant.e.s, les réconforter quand il le faut et leur donner le goût d’apprendre le français, langue monde. Dans une société en pleine mutation, le système éducatif n’est pas en reste. Ce sont les héros et les héroïnes de leurs apprenant.e.s au quotidien.

Comment a progressé l’entrepreneuriat et dans la profession ces 10 dernières années ?

De plus en plus, des enseignant.e.s de FLE optent pour l’entrepreneuriat ou l’auto-entreprenariat : (travailler à leurs comptes, créer leurs propres entreprises, développer leurs propres activités de FLE, etc.).
Pour moi, ce sont des femmes et des hommes courageux.ses qui mettent quelquefois entre parenthèses leur sécurité financière et leur carrière toute tracée dans le domaine du FLE pour le goût d’indépendance et le souhait de mettre en œuvre des idées innovantes. Ils/elles redoublent d’efforts et de créativité pédagogique en créant leurs propres « Business model », s’efforcent de trouver des solutions et de créer de nouveaux environnements d’apprentissage.
Par ailleurs, j’aime citer Joseph Schumpeter en parlant d’auto-entrepreneuriat : Les auto-entrepreneurs du FLE contribuent à transformer une idée ou une invention en une innovation réussie. Cette progression ne peut qu’enrichir le métier qu’est le nôtre.

Quels sont leurs joies, leurs convictions et leurs doutes ?

Ils/elles sont animé.e.s par le plaisir de transmettre leurs savoirs, d’instruire, de capituler sur les expériences et les compétences de leurs apprenant.e.s, de leur faire découvrir un monde qui s’accepte dans sa pluralité et surtout de tirer leurs apprenant.e.s vers le haut pour participer activement à la construction d’une société pacifique et diversifiée.


Être enseignant.e de français aujourd’hui, c’est passionnant et exigent à la fois. Passionnant, car ils/elles contribuent à forger la société de demain et pour cela doivent se réinventer et se renouveler au quotidien, que ce soit dans le domaine relationnel, pédagogique, didactique ou numérique.


Quant à leurs doutes, je peux mentionner le risque de précarité, un environnement difficile selon le pays où ils se trouvent ou leur zone d’affectation et quelquefois le manque de soutien et de reconnaissance de leur travail par leurs gouvernements ou leur environnement institutionnel ou éducatif.

Quels conseils donner à des enseignants qui arrivent dans le métier ? Comment renforcer le petit bateau pour réussir le grand voyage ? 

Le plaisir d’enseigner, le plaisir et encore le plaisir….
Conscient.e.s de la précarité du métier et de sa difficulté, aujourd’hui à la FIPF, on travaille sur un projet d’accompagnent et de tutorat des jeunes enseignant.e.s afin d’éviter le décrochage dans le métier. Pour les enseignant.e.s novices dans le domaine du FLE/FLS, je conseille une entrée progressive dans le métier grâce à un accompagnement et une prise de responsabilités adaptés.
Se préparer en amont, faire preuve d’organisation, écouter les retours des enseignant.e.s plus chevronné.e.s ou plus expérimenté.e.s qu’elles/eux, rendre la pédagogie accessible, instaurer un environnement de respect, de dynamisme et de collaboration dans leurs salles de classe, etc.

Comment faire pour vous contacter et en savoir plus sur la FIPF ?

Aujourd’hui, au nom de la FIPF, je rends hommage à chacune et à chacun des enseignant.e.s « de » et « en » francais et de francophonie du monde, solidaires avec plus d’un million de professeur.e.s de Français dans le monde dont 80 000 professeur(e)s sont adhérent.e.s à la FIPF, dans 130 pays, appartenant à 200 associations, réparti.e.s sur 8 commissions pour être au service de plus de 120 millions d’apprenant.e.s du/en français dans le monde.

Non, vous n’êtes pas isolés, vous êtes une vraie armada francophone qui avance dans un seul but, celui de promouvoir la langue française dans sa diversité et ses spécificités et qui fait entendre sa voix auprès des gouvernements pour améliorer la situation de l’enseignement du français dans nos pays et valoriser le métier du professeur.
Vous pouvez trouver plus d’information sur la FIPF sur le site : fipf.org et nous contacter sur: secretariat@fipf.org
(Fédération Internationale des Professeurs de Français)
9 rue Jean de Beauvais – 75005 Paris, France.
Tél. + 33 1 56240355

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