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Ecriture inclusive. Cher·e·s lecteur·rice·s, déterminé·e·s à écrire différemment ?




Sujet qui suscite depuis quelques mois la controverse, l’écriture inclusive serait une lutte contre les stéréotypes sexistes pour certain·e·s et une déformation de la langue française pour d’autres.

Qu’est-ce que l’écriture inclusive ?

L’écriture dite inclusive est une forme d’écriture neutre, non sexiste qui a pour objectif premier d’établir la parité femme/homme dans la langue française.
Selon l’agence Mots-Clés, l’écriture inclusive « désigne l’ensemble des attentions graphiques et syntaxiques permettant d’assurer une égalité des représentations entre les femmes et les hommes. »
L’agence a ainsi mis en ligne son manuel d’écriture inclusive pour accompagner toute personne désirant adopter une rédaction plus épicène, égalitaire et de ce fait rendre les femmes plus visibles dans la langue française. Dans son manuel, trois conventions d’écriture ont été formalisées, à savoir :

  1. Accorder en genre les noms de fonctions, grades, métiers et titres
    Exemples : « professeure », « présidente », « agente », « écrivaine », etc.
  1. User du féminin et du masculin par la double flexion, l’épicène ou le point milieu (médian)
    Exemples : « elles et ils partent », « les élèves », « les délégué·e·s de la classe », etc.
  1. Ne plus employer les antonomases du nom commun « femme » et « homme »
    Exemple : « droits humains » plutôt que « droits de l’Homme »

Pour aller un peu plus loin dans cette technique d’écriture, il conviendra d’appliquer également la règle de proximité qui permet d’effacer la règle de grammaire selon laquelle, au pluriel, « le masculin l’emporte sur le féminin ». Ainsi, il sera possible d’écrire et de lire « Les lecteurs et les lectrices sont contentes. ». Une autre variante, celle de l’accord de majorité. S’il y a plus de membres de sexe féminin, il sera permis d’accorder de la manière suivante : « Tes filles et ton garçon sont belles. »

Français·e·s divisé·e·s

Selon l’Académie française, qui qualifie l’écriture inclusive de « péril mortel », ces nouvelles marques orthographiques et syntaxiques amènent la langue française vers un apprentissage plus complexe, brouillé à la limite de l’illisibilité.

Un premier manuel scolaire a été publié entièrement en écriture inclusive par la maison d’édition Hatier. Cette dernière a indiqué en page de garde avoir voulu suivre les recommandations du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes (HCE).
En effet dans un guide publié en 2015, le HCE a souligné que « Les représentations auxquelles les citoyen·ne·s sont constamment exposé·e·s renforcent les stéréotypes de sexe et les inégalités entre les femmes et les hommes. » Le HCE invite les organismes publics à favoriser, entre autres, la féminisation des mots ou encore l’usage de la double flexion.

Quelque trois cents professeur·e·s ont signé une tribune sur le site Slate pour refuser de continuer d’enseigner la règle de grammaire « le masculin emporte sur le féminin » et encouragent les autres professionnel·le·s comme les journalistes, les écrivain·e·s, les enseignant·e·s… à donner pareillement l’exemple. En revanche, d’autres professeur·e·s et académicien·ne·s sont contre cette initiative qu’ils jugent porteuse de polémiques inutiles et qui engendre une complexité de la langue qui n’est pas nécessaire.
De ce fait, il nous viendrait à l’esprit la question suivante : ne serait-ce pas une difficulté supplémentaire pour les personnes dyslexiques ou encore aveugles d’avoir à lire l’écriture inclusive ?

Source : http://www.ecriture-inclusive.fr/

Par Eric Genier.


Ouvrages pour aller plus loin

(liens affiliés/sponsorisés – Le Café du FLE)

Le féminin et le masculin dans la langue

Comment les femmes et les hommes sont-ils désignés dans les langues ? Le sont-ils de façon équitable ? L’écriture inclusive enflamme les débats et met en lumière de nombreuses questions sur la langue française : a-t-elle été volontairement amendée pour exclure les femmes ? Qu’est-ce que le genre ? Y a-t-il un neutre en français ? Pourquoi l’accord au masculin est-il dominant ? L’école doit-elle s’emparer du sujet ? Dans cet essai, des linguistes se saisissent de la question pour replacer l’étude et l’histoire de la langue au coeur de la réflexion. Ils proposent de prendre le temps d’examiner ce champ de discussion pour en comprendre les enjeux et y voir plus clair. Des apports précieux sur les langues anglaise, allemande, coréenne et arabe ouvrent d’autres perspectives. Un livre passionnant qui nous fait redécouvrir la langue française, ses influences et ses évolutions.”

Le Ministre est enceinte

La querelle de la féminisation des noms de métiers (titres, grades, fonctions…) est exemplaire du rôle de la langue dans notre pays. En dix ans, elle a rythmé un des changements les plus rapides et les plus étendus de son histoire. Mêlant, tout comme l’interminable débat orthographique, le linguistique et le politique, opposant les conservateurs et les interventionnistes, confrontant le patrimonial et le fonctionnel, elle fait du français une langue querelle. La récente controverse sur l’écriture inclusive l’a montré à nouveau.

Rien n’est plus passionnant que les aventures de notre langue si on sait nous les raconter. Et c’est bien le talent de Bernard Cerquiglini, qui a su, au fil de ses livres, allier l’humour à la science du français tel qu’on le parle. Il retrace ici l’histoire savoureuse de cette féminisation, les arguments de ses acteurs, leurs hauteurs de vue et parfois leurs petitesses…

Non, le masculin ne l’emporte pas sur le féminin

Le long effort des grammairiens pour masculiniser le français a suscité de vives résistances chez celles et ceux qui, longtemps, ont parlé et écrit cette langue sans appliquer des règles contraires à sa logique. Initiée au XVIIe siècle, la domination du masculin s’est imposée à la fin du XIXe siècle. Depuis, on apprend à l’école que ”le masculin l’emporte sur le féminin&”… Ce livre retrace l’histoire d’une entreprise à la misogynie affirmée ou honteuse, selon les époques. Il nous convie à un parcours plein de surprises où l’on en apprend de belles sur la ”virilisation” des noms de métier, sur les usages en matière d’accords, sur l’utilisation des pronoms ou sur les mutations ”trans” subies par certains mots en vertu de la ”loi du genre”. Éliane Viennot est professeure de littérature française de la Renaissance à l’Université Jean Monnet (Saint-Étienne) et membre de l’Institut universitaire de France. Spécialiste de Marguerite de Valois et d’autres ”femmes d’État” de la Renaissance, elle s’intéresse plus largement aux relations de pouvoir entre les sexes et à leur traitement historiographique sur la longue durée. Militante féministe depuis les années 1970, elle s’est notamment investie dans les campagnes pour le droit à l’avortement, pour la parité et pour l’institutionnalisation des études féministes

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